Prenant, audacieux, avec un regard sur les femmes peu courant pour son époque : la réussite de
Bel-Ami n'étant du qu'à sa capacité à les charmer, et reposant uniquement sur les talents des femmes qu'il côtoie. Journaliste, il ne doit le génie de ses articles qu'à Madeleine, ainsi qu'une partie de sa fortune ; sa promotion sociale, il la gagnera par l'entremise de Mme Walter, femme de son directeur... Tendre avec le sexe féminin, joueur avec les demoiselles,
Bel-Ami est aussi une figure totalement opportuniste et arriviste, ne reculant devant rien pour escalader l'échelle sociale (il usurpe un titre et fait modifier son nom pour paraître anobli, multiplie les relations amoureuses dont il se "sert" en affaire, il "truque" un héritage...), sans jamais être dénoncé. Là brille le regard cynique
De Maupassant sur la société parisienne du XIXe siècle. le roman s'achève d'ailleurs par un triomphe : un mariage en église, où l'évèque fait l'éloge de
Bel-Ami, arborant fièrement sa légion d'honneur... Ce alors qu'il sort d'un divorce et qu'il a "obtenue" sa demande en mariage en enlevant Suzanne, sa jeune fiancée. Ajoutons à cela le style
De Maupassant, ses descriptions courtes mais imagées, sensuelles, et son sens du rythme qui rend le roman très facile à aborder pour un lecteur contemporain... La frontière des années ne se fait d'ailleurs pas ressentir, et
Bel-Ami est de ces romans toujours jeunes.