AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de CDemassieux


On dit souvent, à raison, que l'ambition est dévorante, mais elle porte aussi la marque d'une absence remarquable de scrupules dont l'entourage de l'ambitieux fait immanquablement les frais.
Avec ce Georges Duroy, Maupassant a effectivement créé l'archétype même de l'arriviste moderne.
Ce Bel-Ami – qui doit d'ailleurs être le livre de chevet de tous ces ambitieux de notre temps, aux dents si longues qu'elles rayent le parquet ! – veut sa revanche. Lui, l'obscur soldat d'Afrique – donc aguerri au combat –, confronté à l'opulence de Paris, entend se venger de sa relative indigence, comme un défi lancé à la capitale, dans la prolongation de Rastignac contemplant la ville depuis le cimetière du Père-Lachaise. « Il avait l'air de toujours défier quelqu'un. » dit le texte.
Mais peut-on en vouloir à cet homme qui, au début du roman, compte le peu d'argent qu'il a en poche pour manger ? N'est-ce pas, d'abord, l'instinct de survie qui le motive ? Ces questions n'éludent en rien son cynisme pour réussir ; elles méritent toutefois d'être posées. Car Duroy sait ce qu'est la nécessité et c'est pour cela qu'il apprendra à ruser avec un talent qui le conduira au sommet social tant convoité.
C'est là tout l'intérêt de ce roman que de ne pas brosser un portrait manichéen. Duroy, certes, s'accommode des dommages qu'il provoque pour gravir les marches, mais il n'en est pas moins homme, c'est-à-dire, quelque part, comme nous.
Parlant des marches, il n'en est jamais rassasié, puisqu'en haut de celles de l'église de la Madeleine, le voilà qui regarde en face, du côté des marches de la Chambre des députés, maintenant qu'il est assez haut pour s'offrir toutes les ambitions. Parce que Duroy est un conquérant insatiable.
Une fois encore, Maupassant, ainsi que le suggéra jadis un de mes professeurs de Lettres modernes – Pierre Bayard, Maupassant, juste avant Freud –, creuse l'esprit des hommes avec une dextérité psychologique de premier ordre.

Commenter  J’apprécie          250



Ont apprécié cette critique (23)voir plus




{* *}