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Critique de cedratier


« Une vie » Guy de Maupassant (300p, Folio).
Lire « Une vie » deux mois après avoir lu « Madame Bovary » est une expérience intéressante, tant le parallèle est frappant ; d'autant que Maupassant se considère comme l'élève révérencieux de son ainé et ami Flaubert. Ecrites à une trentaine d'années d'intervalle, les deux histoires, situées à environ deux décennies de distance, narrent la vie enrégimentée dans le mariage d'une femme de la petite bourgeoisie campagnarde en Normandie, la plongée dans un désenchantement dramatique qui n'a rien à voir avec ce qu'elle en avait romantiquement rêvé. Des vies de femmes soumises à l'éducation humiliante et cloîtrée qu'elles ont subie, les cantonnant dans un rôle de servante et de jouet sexuel du « mari – propriétaire ».
Mais les styles sont bien différents. Quand la plume de Flaubert, pourtant rigoureuse, se fait parfois elliptique, celle De Maupassant accroche par son « réalisme » cru et sans concession. Ainsi la nuit de noce d'Emma est à peine signalée sans aucun commentaire par Flaubert, quand Maupassant décrit de manière très dure le quasi viol légal de Jeanne. Ou le massacre d'une chienne mettant bas par un curé psychopathe. Mais au-delà de l'écriture, les personnalités féminines sont aussi différentes ; Jeanne est sans énergie de révolte, victime pour toujours, quand Emma tente de vivre ses désirs envers et contre tout, même contre la lucidité, même en cherchant à manipuler les autres autant qu'elle est manipulée, jusqu'à la chute fatale ; au fond, deux voies sans issues, et pas la moindre lumière d'espérance. le chemin vers l'émancipation des femmes restait à inventer.
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