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Critique de Darjeelingdo



Après la mort de son mari, Blanche Frontenac se consacre à ses cinq enfants, avec le soutien de son beau frère Xavier.

Le Mystère Frontenac nous conte, en deux parties, l'histoire de cette famille et des liens privilégiés qui les unit, dans le cadre et l'atmosphère de cette région du bordelais si présente dans l'oeuvre de Mauriac.

Cinq enfants , mais en réalité deux sont pratiquement évincées de l'histoire : les deux filles, bien sûr, qui dans la bourgeoisie de ce début de siècle, n'ont forcément d'autre ambition qu'un bon mariage .... Parmi les fils, nous suivrons surtout les destins de Jean-Louis, l'aîné, et du cadet, Yves.

On retrouve ici des thèmes récurrents chez l'auteur : la grande bourgeoisie bordelaise, avec ses grandes propriétés, ses grandes valeurs et traditions, l'importance de la religion et du sens du devoir, la transmission et fructification du patrimoine familial....

L'ambiance est souvent pesante au sein de cette famille malgré l'amour maternel et la confiance mutuelle entre les deux frères. le personnage de l'oncle Xavier fait pitié , dépeint comme « un pauvre homme ligoté de préjugés, de phobies, incapable de revenir sur une opinion reçue, une fois pour toutes, de ses parents; à la fois si respectueux de l'ordre établi et si éloigné de la vie simple et normale. »
Quand Jean-Louis, l'aîné, rêve de faire des études de philosophie et qu'il est prié d'y renoncer pour reprendre les affaires familiales, il a cet échange très dur avec son frère :
« Il ne s'agit pas de bonheur, pour eux ( sa mère et son oncle), mais d'agir en vue du bien commun et dans l'intérêt de la famille. Non, il ne s'agit pas de bonheur...As-tu remarqué ? C'est un mot qui ne sort jamais de leur bouche...Le bonheur...J'ai toujours vu à maman cette figure pleine de tourment et d'angoisse...Si papa avait vécu, je pense que c'eût été pareil...Non, pas le bonheur; mais le devoir...une certaine forme du devoir, devant laquelle ils n'hésitent jamais »
Personnage sans doute le plus sympathique du roman cet aîné qui se sacrifie pour la famille, se rêve en patron « social » malgré l'opposition de sa mère et du cogérant de l'entreprise, et continue à entourer son « petit frère » Yves de sa bienveillance et de son amour.
Et puis il y a l'importance de la Nature, bien sûr : Tout le roman baigne dans la chaleur étouffante des étés dans les Landes, les cigales et les mouches, le courant de la Hure qui emporte le « bateau-phare » en écorce de pin jusqu'à la Garonne, les « jaugues » pour se cacher du monde ...


On dit du Mystère Frontenac qu'il est le plus autobiographique des romans de Mauriac. Comme Blanche dans le roman, sa mère Claire a élevé seule ses cinq enfants, et on reconnaît aisément l'auteur dans la figure d'Yves, qui se découvre des talents littéraires et part mener sa vie à Paris, jusque dans sa description physique : « sa petite figure mince lui faisait de grandes oreilles. La paupière gauche était tombante, recouvrait presque tout le globe de l'oeil ».

Curieuse d'en savoir plus sur les similitudes entre le roman et la « vraie vie », j'ai cru comprendre à travers certains articles que les rapports entre Yves (François ) et son frère aîné Jean-Louis dans le roman (Raymond dans la vie) qui sont très touchants dans le le livre n'étaient pas si idylliques . Comme le personnage du roman, l'aîné de la fratrie a été contraint par sa mère d'abandonner ses rêves d'études littéraires pour faire du droit et reprendre l'étude d'avoué dès son oncle. En vieillissant, son envie d'écrire le démangeant de plus en plus, il publia deux romans qui connurent un certain succès. François avait imposé à son frère de publier sous un pseudonyme et fut, dit-on, assez jaloux du succès de son frère ...La publication du Mystère Frontenac fut d'ailleurs plutôt mal accueilli par les frères et soeurs de François.

Je n'avais pas relu Mauriac depuis l'adolescence et, pour cette redécouverte dans le cadre du Challenge solidaire,j'ai volontairement choisi ce roman que je n'avais jamais lu et j'ai été un peu déçue. Je l'ai trouvé assez daté et n'ai pas été très passionnée par les élans mystiques ou les états d'âme d'Yves à Paris... Je retenterai d'autre romans.
Par contre , ça m'a vraiment donné envie de lire une biographie de Mauriac !
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