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EAN : 9782246144816
166 pages
Grasset (29/05/1986)
3.89/5   41 notes
Résumé :
Elisabeth Gornac ne s'interroge pas sur l'indulgence qu'elle éprouve à l'égard du petit Bob Lagave, venu soigner une pleurésie chez sa grand-mère, la sévère Maria, ancienne servante des Gornac. Elle trouve tout naturel d'accueillir sur la terrasse de Viridis ce garçon de vingt ans à la grâce câline et, pour le gâter, de négliger le domaine. A-t-elle même des scrupules quand il la prie d'héberger pour un soir sa « fiancée », Paule de la Sesque? A peine. Quand son pro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Ce Destins de François Mauriac offre un voyage nostalgique, une belle plongée littéraire dans la société des bourgeois du Sud-Ouest à une époque où les rythmes de la vie se calaient sur ceux de la terre, et de la vigne qui en produit son sang. Magnifique écriture qui glisse comme un grand cru sur le palais en laissant un goût désuet. J'ai retrouvé la veine de ces amours suggérées, effleurées par la grâce et contrariées par la morale que j'aimais tant adolescent. Comme chaque fois, les auteurs de la fin du 19e et du début du 20e réussissent à me faire croire que je suis né trop tard...
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Toujours un immense plaisir de retrouver l'écriture exceptionnelle de Mauriac dans les pages jaunies d'un vieux livre imprimé en 1928, tout imprégné de l'odeur du passé, comme cette petite intrigue, ce drame qui se déroule dans la chaleur de l'été, au milieu des vignes du bordelais.

C'est un joli roman d'amour à une époque où les freins sociétaux et religieux pouvaient, hélas, empêcher le bonheur. Mauriac a l'art de faire vivre à ses lecteurs le drame intime de plusieurs de ses personnages, drame qui prend sa source dans des préoccupations très différentes : la terre, la vigne, une relation conjugale avortée, l'obsession religieuse poussée à l'extrême, l'argent qui sous-tend l'ensemble.

Ce sont bien des destins que tisse Mauriac dans une toile soigneusement déployée, des destins quelquefois tout tracés, d'autres soumis aux aléas de la vie. C'est dans cette toile que l'écriture de Mauriac prend toute sa dimension, elle déroule avec style des fils où s'entremêlent passé et avenir, espérance et désespoir, vie et mort.

J'ai particulièrement aimé le personnage d'Elisabeth qui devient peu à peu l'héroïne principale de cette tragédie, Elisabeth capable de briser le carcan des convenances de l'époque, Elisabeth capable d'aimer avec désintéressement, de vouloir le bonheur pour ceux chez qui elle sent le besoin de protection et d'accompagnement. Elle est magnifique, une femme dans son époque, mais prise dans ce "courant de la vie" qui l'entraîne inexorablement vers son destin.
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Destins, un roman de François Mauriac, prix Nobel de Littérature 1952. Un très bon roman, tragique, que j'ai lu d'une traite. C'est comme une tragédie grecque mais avec la plume de Mauriac :)

C'est difficile de rendre compte d'un livre qu'on a bien aimé quand on sait combien notre impression est subjective.

Les personnages sont inexorablement aspirés par leur « destin », tracé de main de maître par l'auteur, et alors même que le pauvre lecteur impuissant espère à chaque chapitre qu'un peu de bon sens, ou de compassion, permettrait au personnage de s'en sortir.

Un jeune homme à la vie dissolue tombe amoureux, sa fiancée va-t-elle lui faire confiance ? Malheureusement, ou heureusement, tout le roman joue sur cette ambiguïté !! ... de « bonnes » personnes veillent au grain et préviennent la jeune fille. Ces « bonnes » paroles vont déclencher la spirale infernale vers le destin tragique du héro.

Mais c'est encore bien plus subtil, car Mauriac est subtil dans son analyse des sentiments et des intentions derrière les actes de chacun de ses personnages, nul n'en réchappe.

Décors et personnages Mauriaciens à souhait. Un vrai bonheur de lecture.

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Destins/François Mauriac
L'histoire se déroule au coeur du vignoble bordelais, quoiqu'elle débute à Paris.
Robert Lagave est le fils d' Augustin Lagave, fonctionnaire endurci au ministère des finances, et petit-fils de Maria Lagave. Élève doué, il a choisi de devenir architecte d'intérieur à Paris ce qui ne correspond pas aux projets de son père. La tension entre les deux hommes est palpable d'entrée et la position de la mère, assez inconfortable : « Si Augustin avait convaincu peu à peu sa femme du néant de leur fils, s'il en avait fait une épouse glorieuse, mais une mère humiliée, la mère, aujourd'hui, relevait la tête, prenait sa revanche, découvrait dans son enfant une valeur qui, pour ne rappeler en rien ce qu'elle admirait dans son mari, ne lui paraissait guère moins précieuse et contentait aussi son orgueil. »
Elisabeth Gornac née Lavignasse a épousé Prudent, fils de Jean Gornac qui possède un immense patrimoine qu'elle gère habilement en véritable femme d'affaires comme dit son beau-père, s'entendant mieux avec lui qu'avec son mari. Prudent est décédé précocement accidentellement.
Elisabeth n'a jamais connu le grand amour : alors, de voir Robert convalescent de retour au pays, amoureux de Paule, loin de la rendre jalouse, donne un élan à son coeur qui a cessé de battre follement depuis longtemps. Elle est prête à tout pour protéger cet amour que Pierre, son fils, tente de briser en faisant des révélations sur la vie soi-disant dissolue De Robert.
Tandis que l'amour trouble d'Élisabeth pour Robert se mesure à l'aune de cet ennui qui règne au coeur du vignoble, Pierre son fils se fait plus dur à son égard, lui qui n'a jamais su que l'irriter et qui n‘a jamais su lui dire combien il l'aimait.
Le drame couve comme toujours chez Mauriac, dont certains personnages ressemblent à des morts entrainés par le courant de la vie.
Un roman poignant puissant , subtil et sobre où l'amour de la terre souvent l'emporte sur la passion et la raison.
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C'est visiblement une véritable obsession que nourrissait Mauriac pour le monde de la terre, plus précisément pour celui des propriétaires terriens. Une fois de plus, nous plongeons avec "Destins" au coeur de ces familles au sein desquelles les relations sont faites de rudesse et de sécheresse affective.

Jean Gornac, maintenant octogénaire, est de ces êtres laborieux et sans imagination, hermétiques à la passion, dont l'univers se restreint aux arpents de vignes ou aux rangées de pins. Il a passé son existence à acquérir toujours plus d'hectares, et à intriguer dans le milieu politique local afin d'y placer ses relations. le grand malheur de sa vie est de n'avoir transmis à sa descendance ni son sens des affaires, ni sa solidité d'homme travailleur et opiniâtre. L'un de ses fils est mort mystérieusement après avoir vécu à Paris une vie de pseudo artiste, et il n'a aucun contact avec le second. Il n'a plus que sa bru, Elizabeth, dont il admire le sens des affaires et la rigueur, et son petit-fils Pierre, un pédant trop "philosophe" à son goût, qu'il n'apprécie guère.

Il a pris sous son aile Augustin Lagave, fils de Maria Lagave, sa voisine paysanne. Il a financé les études de ce garçon prometteur qui ne l'a pas déçu, puisqu'il occupe à présent un haut poste dans l'administration des finances. Comme Jean Gornac, Augustin, en tant que père, n'a pas eu de chance : il méprise son unique enfant, Robert, sans doute autant qu'il s'estime lui-même.Il considère le jeune homme comme un faiblard, un bon à rien trop joli pour être honnête, et éprouve une honte intense, à l'idée de la vie qu'il mène parmi la jeunesse dorée de la capitale, faite de futilités et de débordements.
Pour l'heure, Robert se remet d'une pleurésie à la campagne, chez sa grand-mère Maria (qui ne l'estime pas davantage que son père), passant beaucoup de temps chez les Gornac, choyée par une Elizabeth attendrie par sa beauté et sa fragilité.

"Destins", à l'instar du Mystère Frontenac, est un roman qui s'attarde davantage sur l'histoire du "clan" que sur l'une ou l'autre de ses figures. L'évocation, parfois, d'une émotion, d'une pensée, nous fait bien pénétrer l'espace d'un instant dans les bouleversements d'une âme, mais ces fulgurances sont reléguées à l'arrière-plan, l'intrigue étant principalement centrée sur les interactions entre les personnages. François Mauriac y dépeint des relations intergénérationnelles faites d'incompréhension totale, deux mondes s'opposant par l'intermédiaire des pères et des fils : le monde provincial et austère de la terre, du labeur glorifié, et celui, clinquant, superficiel mais séduisant, des nuits parisiennes aux côtés d'une certaine jeunesse snob et aristocrate.

Méconnu, ce titre est considéré dans l'oeuvre de François Mauriac comme un texte mineur. S'il n'a pas, en effet, la force et la précision de ses romans plus illustres, il n'en constitue pas moins l'occasion d'une lecture agréable (grâce, toujours, à cette fluidité de l'écriture propre à l'auteur), pendant laquelle on ne s'ennuie pas une seconde.

Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Au moins, une fois, je me suis évadé ; au moins, une fois, une seule fois, j’ai vécu indifférent à la mort et à la vie, à la richesse et à la pauvreté, au mal et au bien, à la gloire et aux ténèbres — suspendu à un souffle ; et c’était un visage qui, paraissant et disparaissant, faisait le jour et la nuit sur ma vie. Une fois, cela seul, pour moi, a mesuré la durée : le battement régulier du sang, lorsque je me reposais sur une épaule et que mon oreille se trouvait tout contre le cou.
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Des êtres qui s'aimaient, peut-être profitaient-ils de cet universel engourdissement. Dans les vignes endormies, au fond des chais ténébreux, des mains se cherchaient, des yeux se fermaient en se rapprochant. Le monde jusqu'à quatre heures, demeurait vide, accueillant pour ceux qui n'ont pas peur du feu; que craindraient-ils? Cette ardeur prolonge leur ardeur et l'argile ne brûle pas plus que leurs corps.
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"C'est un garçon raisonnable, a coutume de répéter Élisabeth. Nous sommes bien tranquilles : il ne fera jamais de bêtises, celui-là. D'abord, il a des principes, peut-être même un peu trop rigides. Il aurait une tendance à se dépouiller de tout ; il est trop généreux ou, plutôt il ne sait ce qu'est l'argent qu'on a gagné ; ce qu'il possède ne lui a rien coûté, n'est-ce pas ? Il ne connaît pas la valeur de l'argent..."
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Il n'arrivait pas à étouffer cette joie insidieuse : l'homme qui l'avait frappé à la face n'était plus au monde. "Et moi qui me persuadais de lui avoir pardonné ! J'avais pris l'attitude, j'avais fait le geste de la miséricorde, mais rien dans mon coeur n'y correspondait. Le christianisme ne m'est qu'un vêtement, un déguisement. A peine déforme-t-il mes passions. Elles vivent, masquées par la foi, mais elles vivent." Le sens pratique des êtres adonnés à la vie spirituelle induit Pierre à profiter de cette découverte pour en nourrir son humilité. Il est si difficile au chrétien de ne pas se croire meilleur que les autres hommes ! Pierre s'acharne à mesurer la joie atroce que lui donne la mort de Bob. Immobile sous les charmilles noires, il tourne contre lui-même sa fureur. Son plaisir est de se répéter : "Bob valait mieux que moi, lui qui vivait à visage découvert." Il s'enivre de cette certitude qu'il est le dernier des derniers, mais aussi qu'il travaille, par cette seule connaissance, à son avancement. Tout sert à qui vit en Dieu.
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Pour éphémère que soit tout amour, il est une évasion dans le temps ... Il reste de pouvoir se dire : "Au moins une fois, j'ai vécu indifférent à la vie et à la mort, à la richesse et à la pauvreté, au mal et au bien, à la gloire et aux ténèbres, suspendu à un souffle, c'était un visage qui, paraissant et disparaissant, faisait le jour et la nuit sur ma vie.
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Philippe Dazet-Brun vous présente son ouvrage "François Mauriac : L'inguérissable jeunesse" aux éditions Memoring.
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