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Critique de Millelivres


Pierre Desproges disait qu'on peut rire de tout mais pas avec n'importe qui. Bien longtemps avant lui, André Maurois avait montré qu'on pouvait sourire, même des circonstances les plus atroces.
Un peu de contexte : pendant la Première Guerre mondiale, André Maurois fut Interprète militaire et officier de liaison auprès du Corps expéditionnaire britannique en France et en Flandres. Les silences du Colonel Bramble (qui deviendra général dans les discours du Docteur O'Grady), publiés en 1918, sont le récit de cette expérience vécue au coeur des combats de tranchées et des horreurs du premier conflit mondial, l'auteur s'y dépeignant sous le personnage de l'interprète Aurelle.
N'allez pas en conclure qu'il s'agit d'un livre triste et larmoyant, belliciste ou pétri d'héroïsme et de nobles sentiments. Ici , la bravoure est toujours souriante.
A la parution de l'ouvrage, l'historien et écrivain Daniel Halévy écrivait : « le livre de Monsieur André Maurois est charmant. J'ajoute, et cela est nécessaire en nos temps, il est bienfaisant ». Si nos temps actuels sont troublés pour des raisons très différentes, je persiste à penser que la lecture de ce livre serait toujours aussi bienfaisante pour les lecteurs du XXIème siècle, même si, j'en ai peur, ils ignorent pour la plupart son existence.
Parce que, sous des dehors de légèreté, ce livre est une leçon de vie. Même si l'auteur joue, mais à rôles renversés (et avec beaucoup plus de profondeur que Pierre Daninos), sur le même registre que les « Carnets du Major Thompson », faisant partager au lecteur sa candeur admirative pour les officiers britanniques dont il partage la vie, -et l'effet comique vient souvent de là-, ce n'est réellement qu'un prétexte pour distiller une philosophie aimable, et rien moins que sentencieuse, née des interrogations que la démence d'un conflit mondial ne peut manquer de poser.
J'ai lu ce livre à l'adolescence. Je l'ai ensuite relu à plusieurs reprises. J'y ai toujours trouvé apaisement et sagesse. Est-ce qu'un adolescent, en 2024, pourrait y trouver le même plaisir, le kiffer grave ? Certains passages ne doivent plus être dans l'air du temps. J'imagine, par exemple, que les mouvements woke et « gender fluid » doivent vomir le poème de Kipling « Tu seras un homme mon fils » dont Maurois nous donne une traduction.
Qu'importe. L'intelligence se fout des modes. Et ce livre est avant tout extrêmement intelligent.
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