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Critique de Seraphita


Quatre tandems, quatre nationalités différentes, quatre chemins de vie se croisent inopinément ce 29 mai 1985 à Bruxelles, au stade du Heysel, en ce soir de finale de la coupe d'Europe des champions. Il y a Jeff et Tonino, venus de France, Geoff et ses frères de Grande-Bretagne, Tana et Francesco, jeunes mariés italiens, et Gabriel et Virginie, autochtones bruxellois. L'imminence de l'événement cristallise des tensions, rancoeurs, jalousies, mais favorise aussi une collusion, notamment pour le couple d'Italiens qui fête sa lune de miel. Et puis, l'Histoire va imprimer sa marque sur chacun, balayant au second plan ces mouvements émotionnels, laissant place à la torpeur, l'engourdissement d'après trauma, avec une seule urgence pour ceux qui restent : retrouver Tana.

« Dans la foule » est un roman fleuve de Laurent Mauvignier qui a pris appui sur le drame survenu au stade du Heysel, en 1985. Il prend le parti intéressant de l'éclairer par quatre regards différents. L'auteur sait d'emblée happer son lecteur grâce à une écriture ample, marquée par des phrases longues qui emportent dans un tourbillon émotionnel. Ce qui frappe, c'est que le drame en tant que tel est peu décrit et surtout, d'un point de vue essentiellement extérieur, celui de Gabriel, resté bien malgré lui en dehors du stade. On pressent par ses sens toute l'horreur qui s'est jouée à l'intérieur, on le mesure mieux par le vécu intérieur de Tana. Et puis, la suite déroule une douleur terrible, l'acmé d'une souffrance innommable, celle d'une perte irrémédiable et absurde : cette partie m'a semblé, parfois, insupportable et beaucoup trop étendue, diluant l'intérêt du départ. le temps de l'après-trauma est aussi exploré toujours à quatre voix et l'on voit poindre une conclusion ouverte, aussi vaste et étendue qu'un bord de mer en Sardaigne : « Je ne me suis pas levé, le monde s'est retourné en moi et tout à coup il me semble que je connais cette sensation, cette ivresse d'assister au monde en me tenant sur la marge, pieds droits, souffle retenu, près de tomber dans un précipice que je ne connais pas » (p. 372-373).
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