Loin d'eux

J'ai acheté "Loin d'eux" à sa sortie, interpellée plus que vivement par son titre, comme je l'avais fait en voyant "La place" D'Annie Ernaux bien avant. Et ce fut le même choc, cette impression d'être dedans, que c'était mon histoire, ici que ça pourrait être mon issue fatale si j'allais vivre à Paris, un désir que je n'ai jamais pu accomplir tant j'avais peur d'y être écrasée de solitude, de ne pas réussir une implantation, venant moi aussi d'un milieu culturelle ment très démuni, où j'étais mal, quelque part à des années lumières, mais si unsecure à l'idée de ne pas réussir à nouer du solide à Paris. Des années après, je lis les critiques de lecteurs ici, surprise, de quelques bonnes notes sur la forme originale mais si peu sur le fond, qu'on a trouvé faux alors qu'il est si follement juste, et fabuleusement servi, allié, à cette forme. Oui l'auteur arrivait ainsi à exprimer l'indicible... La potentielle tragédie sur laquelle peut déboucher l'éloignement d'un enfant avec son milieu d'origine qui ne le comprend pas davantage. Pour moi ce livre était un cri, et à l'époque l'auteur n'avait rien dit sur 1 semblant autobiographique, comment avait il pu écrire ça sans l'avoir partiellement au moins vécu ? Ce n'est que récemment qu'il a parlé de ses origines modestes, et d'une faible communication dans sa famille, avec non pas ni lui, ni 1 fils suicidé, mais 1 père, son père, pour d'autres raisons, 1 guerre, 1 traumatisme non digéré... En tous cas, ces voix imaginées, ces mots, cette langue simple, du langage parlé,... L'auteur n'a jamais voulu manifestement qu'on l'associe à l'autofiction, un peu comme si Ernaux et son oeuvre avait tout dit, Ernaux qui a creusé x fois le sujet, Alain Remond par ex a aussi raconté l'histoire de sa soeur suicidée dans 1 contexte proche dans "Chaque jour est un adieu"... Alors la puissance extraordinaire de cet ouvrage, un 1er roman, me semble passé à la trappe.... Tant mieux si Mauvignier a pu poursuivre une vie d'écrivain, diversifiee... Mais pour moi Loin d'eux est un chef d'oeuvre, parce qu'un des plus vrai, en tant qu'exprimant de terribles vérités inexprimables au quotidien, et dont on peut crever.