Vint l'adolescence, cette maladie. Pour moi ce fut comme demeurer une souris dans un monde jurassique. Les filles grandirent les premières. En cinquième, on aurait dit autant de maîtresses dans une classe d'enfants. Elles commencèrent a parler de leurs affaires de filles, et leur regard devint celui des lacs et des dragons, ces merveilleux sillons qui cachent l'enfer.
Des couches superposées d'architecture, de morts et de vivants qui viennent sur terre et finiront tous par mourir. Et tout à coup tu te demandes si ça vaut la peine de résister...Nous serons tous des larves dans les vapeurs de la terre, dans l'huile de sa douleur. Ce présent est tout ce que nous avons, pouvons toucher. Nous sommes déjà des visions d'un autre temps, brutalement rejetées.
La meilleure partie de la vie, c'est celle que nous ne pouvons pas vivre.
Et mon nom prononcé par lui, avec sa voix enrouée et profonde, mon nom qui naissait de son ventre et passait à travers sa gorge était le plus beau du monde, redonnait courage à ma misérable personne, glissait en moi et me conférait une identité, un lieu et un temps, et une origine certaine.
Observés par-derrière, les gens portent le poids de leur destin, comme si dans la partie d'eux-mêmes qu'ils ne peuvent pas voir se concentraient toutes les souffrances, les pensées et les espoirs, les leurs et ceux de toutes les générations qui les ont précédés et qui semblent s'acharner contre eux, les derniers témoins, les poussant à aller de l'avant tout en riant d'eux, de la défaite qu'ils essuieront à leur tour.
Il avait cette force-là, de celui qui peut détacher un évier du mur et briser une vitre pour sortir du mensonge.
Je n'étais plus très sûr de vouloir supporter son corps baptisé, dégoulinant de culpabilité, et qui semblait désormais laid.