Au pays de la démesure, la litote – « enquête de routine » – était plus efficace que les tambours et les trompettes.
Il y a des tas d’hommes qui haïssent leur femme.
On est capable d’envoyer des hommes sur la lune, mais on est incapable de dire s’il y aura du crachin jeudi.
Pour le citadin, l’annonce d’une tempête de neige équivaut à l’annonce d’une épidémie de peste bubonique. Pas une personne saine d’esprit n’aime la neige. Personne n’aime mettre des caoutchoucs, des après-ski, des chaînes, des bottes ; personne n’aime pelleter le trottoir, décommander des dîners ni manquer des soirées au théâtre ; personne n’aime déraper, glisser et tomber sur le derrière. Mais pire que tout, personne n’aime qu’on lui annonce tout ça, personne n’aime être obligé de prévoir tout ça, pour finalement ne rien voir venir. Le citadin, en dépit de son grand raffinement, est quelqu’un qui redoute toute rupture de ses habitudes. Il peut accepter des coupures de courant, une grève des éboueurs, ou des agressions dans le parc parce que rien de tout cela ne rompt en fait ses habitudes, cela en fait partie. En outre, cela conforte l’image qu’il se fait de lui-même, celle d’un surhomme urbain du vingtième siècle capable de faire face à n’importe quelle catastrophe.
Le manque, ce n’est jamais bon, et c’est encore pire quand on ne peut pas gueuler. Chaque fois que je crie, ce salopard de la cellule d’à côté me dit de la boucler, celui qui a mis son propre gosse à la cave. Il me fait peur. Est-ce que vous l’avez regardé ? Il doit peser dans les cent vingt kilos. Vous pouvez imaginer un type comme ça enchaînant son propre gosse dans sa cave ? Et sans rien lui donner à bouffer ? Qu’est-ce qui pousse les gens à faire des choses pareilles ?
Les gens corpulents et les femmes enceintes laissent souvent une ligne brisée parce qu’ils marchent les pieds écartés… pour garder leur équilibre.
Le crime ne paie pas – mais ça ne fait pas de mal de rire un peu en chemin, comme Euripide l’a fait remarquer un jour.
Il se trouve que je suis avocat d’assises. Je connais parfaitement mes droits et je sais très bien que tout ce que je peux déclarer de mon plein gré peut être retenu contre moi par la suite. Je répète que ma femme était une vraie garce et que je suis ravi que quelqu’un l’ait tuée.