Citations sur Betty (1034)
Parfois, je pense que l'univers est juste une lueur. La lueur d'une cigarette dans le noir. Toutes les étoiles, les planètes, les galaxies, les marges infinies. Tout cela est contenu dans le petit bout rouge d'une cigarette dans la main d'un homme qui, appuyé contre un mur pour suivre des yeux une fille qui rentre chez elle, sait déjà qu'elle n'arrivera jamais jusque-là.
Mon coeur est en verre et, tu vois, Betty, si jamais je devais te perdre, il se briserait et la douleur serait si forte que l’éternité ne suffirait pas pour l’apaiser.
C’était une femme qui avait été utilisée puis abandonnée par l’humanité comme seuls les humains savent consommer, puis jeter.
_ Il y a des hommes qui connaissent le montant exact de leur compte en banque, a poursuivi Maman. Il y a ceux qui savent combien de kilomètres indique le compteur de leur voiture et combien elle pourra encore parcourir. D'autres connaissent le score à la batte de leur joueur de base-ball préféré et ils sont plus nombreux encore à savoir la somme exacte que l'Oncle Sam leur a soutirée. Ton père, lui, ne connaît rien de tout ça. Les seuls nombres que Landon Carpenter a en tête, c'est le nombre d'étoiles qu'il y avait dans le ciel la nuit où ses enfants sont nés. Je ne sais pas ce que tu en penses, mais moi je dirais qu'un homme qui a dans la tête des cieux remplis des étoiles de ses enfants est un homme qui mérite leur amour. En particulier l'amour de celle qui avait le plus d'étoiles.
Il a joint ses mains nues et a soufflé son haleine chaude dans le creux. Il avait les doigts rouges. Le même rouge que celui de son manteau écossais.
- Toute cette neige, Petite Indienne. À ton avis, qu'est-ce qu'on ressentirait si on vivait à l'intérieur d'un flocon de neige ?
- Le froid.
- Si tu écrivais un poème sur ton père vivant dans un flocon, qu'est-ce que tu dirais, Betty ?
- Je dirais : Mon papa vit dans un flocon de neige. Il a froid. Je le vois en hiver seulement. Une fois, j'ai voulu le serrer contre moi. Mais il a aussitôt fondu dans ma main. Mon papa vit dans un flocon de neige. Il a froid. En été, il me manque énormément.
Il m'a regardée comme s'il y avait quelque chose d'irrémédiable dans l'air autour de nous.
- je suppose que vouloir vivre dans un flocon n'est pas une bonne idée, tout compte fait. J'avais oublié que ça fond. J'avais oublié l'été.
- De toute façon, pourquoi tu voudrais vivre dans un flocon de neige, P'pa ?
- C'est tellement tranquille, un flocon. Je crois que le simple fait de vivre dedans t'obligerait à être aussi tranquille qu'eux.
J’ai commencé à me définir, et à définir mon existence, en fonction de ce qu’on me disait que j’étais, c’est-à-dire rien. À cause de cela, la route de ma vie s’est rétrécie en un sentier obscur, et ce sentier lui-même a été inondé, se transformant en un marécage où il m’a fallu partager.
Nous avons trop d’ennemis dans la vie pour en faire nous-mêmes partie.
Être enfant, c'est savoir que le balancement du berceau nous rapproche et en même temps nous éloigne de nos parents. C'est le flux et le reflux de la vie qui, tour à tour, nous poussent vers les autres, puis nous en écartent, peut-être dans le but de nous permettre d'acquérir la force nécessaire pour affronter l'instant où ce mouvement de balancier nous aura tellement éloignés de la personne que nous aimons le plus qu'elle ne sera plus là quand nous reviendrons vers elle.
C'était de braves gens, d' honnêtes citoyens qui donnaient aux bonnes oeuvres et grimaçaient devant les reportages où l'on voyait des shérifs matraquant des étudiants noirs dans le sud. Ils pensaient que ce Martin Luther King était un orateur remarquable, approuvaient peut- être certaines de ses idées. Jamais ils ne lui auraient tiré une balle dans la tête, et peut- être même avaient-ils pleuré à son enterrement - dire qu'il laissait des enfants si jeunes - , mais de là à accepter qu'il s'installe dans le quartier, il y avait un monde.
Nous nous raccrochions comme des forcenées à l'espoir que la vie ne se limitait pas à la simple réalité autour de nous. Alors seulement pouvions-nous prétendre à une destinée autre que celle à laquelle nous nous sentions condamnées.