Je comprends ce besoin d'aller au-delà de la clôture. Aussi belle que puisse être la pâture, c'est la liberté de choisir qui fait la différence entre une existence que l'on vit et une existence que l'on subit.
Comme la veille, je l'ai trouvée assise tout nue au bord de son lit. Sans s'apercevoir de ma présence, elle a continué à se masser les jambes, les veines bleues vert-bleu roulant sous sa peau. La vue de son corps ne m'a pas fait aussi peur cette fois. Dans les plis et les rides, c'était son histoire que je voyais. Sa peau était le journal intime de son âme. Tous les printemps où elle avait observé les fleurs s'épanouir. Les étés où elle était restée sous la lune et avait embrassé son visage. Les automnes où elle était devenue plus sage. Les hivers qui avait gelé les initiales de son nom. Chaque ride était la trace de tout cela et témoignait de chaque heure, de chaque minute et de chaque seconde qu'elle avait vécues. Tous ses secret étaient inscrits sur sa peau. Les choses pour lesquelles elle avait imploré Dieu. Les choses pour lesquelles elle avait maudit le diable. Dans toute cette vieillesse, je ne voyais que de la beauté.
Ma mère disait toujours qu'un homme qui frappe une femme est un homme qui marche avec les pieds de travers, et un homme qui marche avec les pieds de travers laisse derrière lui une empreinte difforme.
— D’après Fraya, ça signifie que tu es une femme.
— Pourquoi faut saigner pour gagner le droit d’être une femme ? (Elle a donné des coups de poing sur son matelas.) Et qu’est-ce qui se passe quand on vieillit et que ça s’arrête ? Alors quoi ? On n’est plus une femme à ce moment-là ? C’est pas le sang qui définit ce qu’on est. C’est notre âme.
Chaque fois que je rencontrais un arbre, je m'arrêtais pour écrire sur son tronc avec mon doigt. Je me suis dit que si je leur écrivais quelque chose de gentil, les arbres me serviraient de carte pour me guider dans la forêt.
Quand je repense à Flossie maintenant, je la vois toujours assise au soleil dans l'herbe verte, en train de presser des citrons au-dessus de sa tête, le jus dégoulinant dans ses cheveux. Elle faisait cela presque tous les jours en été. Vers la fin du mois d'août, sa chevelure châtain clair était parsemée de mèches dorées. Parfois, je me dis que c'est la seule image que je veux garder d'elle. Le soleil. L'herbe verte. Les citrons jaunes. Ma sœur, la tête légèrement levée vers la lumière.
Dans les plis et les rides, c'était son histoire que je voyais. Sa peau était le journal intime de son âme. Tous les printemps où elle avait observé les fleurs s'épanouir. Les étés où elle était restée sous la lune et avait embrassé son visage. Les automnes où elle était devenue plus sage. Les hivers qui avaient gelé les initiales de son nom. Chaque ride était la trace de tout cela et témoignait de chaque heure, de chaque minute et de chaque seconde qu'elle avait vécues. Tous ses secrets étaient inscrits sur sa peau. Les choses pour lesquelles elle avait imploré Dieu. Les choses pour lesquelles elle avait maudit le diable. Dans toute cette vieillesse, je ne voyais que de la beauté.
Pour faire disparaître quelqu'un sous son talon, il faut bien marcher dessus aussi longtemps que nécessaire.
MA MAISON DÉTRUITE
Donne-moi un mur,
Je te donnerai un trou.
Donne-moi une fenêtre,
Je te donnerai une vitre brisée.
Donne-moi de l’eau,
Je te donnerai du sang.
Betty
Ils sont comme ça les garçons. Faut toujours qu’ils fassent comme s’ils passaient leur temps à sauver les filles de quelque chose. On dirait qu’ils sont incapables de comprendre qu’on peut se sauver nous-mêmes.