Je ne sais pas quelles sont les influences littéraires de Tiffany Mc Daniel, mais je sais que je lis un bon roman lorsque « j'entends » des échos d'autres auteurs entre les lignes, qui me font immédiatement songer à un univers bien particulier.
En lisant
Betty, j'ai entendu du
Pat Conroy, du
Jim Harrison et aussi du
John Steinbeck.
Le trauma transgénérationnel est un impact, un transfert par lequel la douleur émotionnelle, physique ou sociale dont souffre une personne à un moment donné, se transmet aux nouvelles générations d'une manière telle qu'il va au-delà d'un simple comportement acquis.
Dans le chapelet d'horreurs et de tragédies que l'auteure américaine nous sert, noirceur rime avec poésie et avec magie. La seule échappatoire est de trouver quelque chose qui vous empêche de sombrer dans l'horreur.
Un écrivain redit le monde d'une autre manière, avec d'autres mots, car il sait nommer ses blessures et pratiquer la spéléologie intime et profonde des âmes.
Les bons écrivains savent faire parler les silences.
Ceux des fêlures des êtres brisés qui luttent pour préserver la beauté de leurs âmes.
Betty est une passionnante fresque familiale, teintée de conte initiatique, qui se déguste lentement, tellement le conte est cruel et flamboyant, avec ses monstres sans visages et ses figures héroïques.
Tout au long des 716 pages,
Betty nous chuchote qu'au coeur de la tristesse du monde, on peut tout de même construire des anneaux, comme de petites maisons, pour toutes les histoires, les mots et les personnes qui n'en ont plus.