La dernière victime

La technologie était une bénédiction. Son ordinateur était son domaine privé, auquel personne n'avait accès, à part elle. Elle n'avait pas besoin de boîtes pour conserver de vieilles coupures de journaux ou des photos jaunies.

Elle se laissait aller dans les bras d'un homme dont elle ne savait rien — et réciproquement. Mieux que quiconque, elle comprenait qu'on puisse vouloir garder pour soi certains pans de sa vie, mais cela ne signifiait pas pour autant qu'elle doive lui accorder sa confiance aveuglément.

Il ne la scrutait pas ; il ne fixait pas ses seins ou ses fesses, mais il la couvait des yeux, tel un chien de garde envers son maître ou un conservateur de musée pour son joyau le plus précieux.

On l'aurait préféré derrière un bureau, à diriger des opérations spéciales, à faire la liaison avec les autres services — narcotiques, mœurs ou homicides. On lui avait offert une nouvelle promotion, mais il l'avait refusée. Il ne voulait pas d'un boulot de gratte-papier, et il n'avait que faire d'une augmentation ou d'une meilleure retraite. Ce qui l'intéressait, lui, c'était le terrain, là où son cœur battait à grands coups. Il n'y avait rien de tel à ses yeux que la traque d'un criminel.

Un gros plan sur une scène de crime est plus efficace que n'importe quel témoignage.

Il est obsédé par cette théorie qui veut qu'en prenant deux personnes au hasard dans le monde, vous leur trouverez un lien, grâce à une chaîne de six personnes se connaissant ou ayant entendu parler l'une de l'autre. Selon lui, tous les gens ont un lien ou se connaissent ou connaissent quelqu'un qui connaît quelqu'un, etc.

La Lune était représentée par un croissant. La partie visible symbolisait l'esprit conscient ; la partie invisible, l'inconscient. La Lune était un signe féminin qui gouvernait des signes d'eau.

Venir annoncer des mauvaises nouvelles aux gens à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, c'est vraiment ce qu'il y a de pire dans notre boulot.