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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Fin du XVIIe siècle. Un jésuite au service de Louis XIV rapporte à Versailles deux spécimens de monstres marins, capturés au large du Nouveau Monde. le mâle n'a pas survécu au voyage mais qu'à cela ne tienne, son cadavre sera disséqué au profit de la science devant l'ensemble de la cour. La femelle est en revanche bien vivante et se retrouve exposée aux yeux des curieux dans l'un des nombreux bassins que comptent les jardins royaux. Si sa laideur rebute la plupart des visiteurs, la beauté de son chant ne laisse en tout cas pas indifférente la soeur du jésuite responsable de sa capture, Marie-Josèphe, qui va se prendre d'affection pour la créature. Celle-ci ne tarde d'ailleurs pas à soulever de vifs débats dans l'entourage du roi : s'agit-il véritablement d'un monstre ? A t-elle une conscience ? Des sentiments ? Et si oui, est-il bien moral de la priver de liberté ? Écrit il y a tout juste vingt ans, le roman de Vonda N. McIntyre a fait il y a peu l'objet d'une nouvelle parution qui n'a pas tardé à éveiller mon intérêt. A raison, puisque l'ouvrage repose effectivement sur une intrigue solide et fort plaisante que l'on suit sans ennui pendant près de sept cent pages. La quasi totalité de l'action se situe à Versailles dont la reconstitution est tout à fait convaincante et dont l'auteur donne avec succès une image très ambivalente, le faste et la beauté des salles de jeu ou des jardins étant nettement contrebalancés par la vétusté et l'exiguïté dans laquelle devaient alors se résoudre à vivre une partie de la noblesse. Les personnages sont quant à eux plutôt atypiques, de la jeune demoiselle de compagnie avant tout passionnée de musique et de sciences au proche conseiller du roi bien éloigné des standards de beauté de cette époque comme de la notre, en passant bien évidemment par ce « monstre marin » dont on découvre peu à peu la véritable nature.

Le roman ne manque donc pas de qualités, mais comporte aussi un certain nombre de défauts qui ne passent malheureusement pas inaperçus. le plus gênant d'entre eux reste incontestablement le style de l'auteur qui devrait en refroidir plus d'un. Sans aller jusqu'à la qualifier d'indigeste, la plume de Vonda N. McIntyre manque en tout cas de fluidité et se montre tour à tour trop concise ou trop volubile. Il y a par exemple cette manie de décrire par le détail les moindres mouvement des personnages par une succession de phrases lapidaires composées uniquement d'un sujet et d'un verbe (« Il frappe. Il entre. Il s'assoie »... et j'en passe). A l'inverse, l'auteur n'a pas assez de mots pour nous dépeindre par le menu les usages de la cour ce qui, là encore, devient quelque peu lassant (qui fait la révérence à qui, qui porte quoi, qui a la préséance sur qui...). On apprend d'ailleurs dans la postface que le roman avait à la base été écris sous la forme d'un scénario, ce qui explique d'une certaine façon beaucoup de choses et nuit incontestablement à la narration. le second gros bémol que je mentionnerais concerne la personnalité de l'héroïne qui comportait pourtant de nombreux éléments susceptibles de me plaire : Marie-Josèphe se passionne pour la science, compose de la musique, se refuse à garder une esclave à son service, et surtout fait preuve d'une véritable aversion pour le couvent. Bref, on aurait pu avoir affaire à une jeune fille intéressante et bien décidée à ne pas se laisser emprisonner par les carcans imposés par son époque. Sauf que c'est tout le contraire. C'est notamment vrai dans la première moitié du roman pendant laquelle l'héroïne adopte un comportement insupportable dès l'instant qu'elle se retrouve confrontée à un personnage masculin.

Les minauderies passent encore, mais le fait qu'elle se rabaisse sans arrêt dès qu'un homme lui adresse la parole, là s'en est trop. « Ne soyez pas impudente », la tance à plusieurs reprises le comte Lucien alors qu'elle ne fait qu'emmètre une hypothèse pleine de bon sens concernant les causes de l'agitation du monstre auprès du roi. La réaction de la jeune fille face à cette remontrance injustifiée et désagréable ? Elle rougit et se fustige : « Il avait raison de la traiter ainsi. ». Même chose avec son frère qui lui explique qu'après avoir joui d'une relative liberté à la cour, elle doit désormais se contenter de jouer à la bobonne avec lui, ce qui n'a pas l'air de la gêner plus que cela (« Ce que disait Yves était vrai. Elle était égoïste et stupide de souhaiter davantage. »). Compte tenu de l'époque à laquelle se déroule l'action, il était évident que la jeune femme n'allait pas pouvoir faire preuve d'une liberté d'esprit et d'une volonté d'émancipation trop voyante, mais de là à la dépeindre satisfaite de se faire brider et soumettre en permanence, il ne faut tout de même pas exagérer ! Les circonstances l'obligent heureusement à légèrement se rebiffer dans la deuxième moitié du roman (notamment à l'encontre de son frère qui est tout bonnement insupportable), mais c'est aussi le moment que l'auteur choisit pour davantage mettre en lumière sa romance avec un autre noble de la cour. le récit tombe alors à plusieurs reprises dans le mièvre avec des scènes parfois peu flatteuses pour la jeune femme qui se contente trop souvent de regarder avec des yeux énamourés son soupirant faire presque tout le travail. Tout cela est d'autant plus dommage que, comme je le disais, les personnages comme l'intrigue possédaient un beau potentiel qui est malheureusement loin d'être exploité à sa juste mesure.

Lecture en demi-teinte pour ce roman de Vonda N. McIntyre qui, en dépit d'une intrigue intéressante et d'un travail de reconstitution admirable, se retrouve entaché par des défauts dont il est hélas difficile de faire abstraction. Je tiens à remercier Gaelle du blog Pause Earl Grey pour l'envoi de ce roman que j'ai, malgré tout, pris plaisir à découvrir.
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En 1693, un père jésuite de retour d'une expédition maritime ramène à Versailles deux étranges créatures, provoquant l'émoi de la Cour. S'agit-il d'animaux qui, en tant que tels, doivent être servis au banquet du Roi ? Ou bien, ainsi que s'en persuade la jeune soeur du religieux, sont-ils des êtres pensants à l'égal de l'Homme ?

Bien que le règne de Louis XIV soit loin d'être ma période de prédilection, j'avais repéré "La lune et le Roi-Soleil" il y a quelques années déjà : un roman historique avec une légère touche de fantasy et des monstres marins était un menu qui m'alléchait tout particulièrement. Publié en France en 1999, il n'était plus disponible. Heureusement, à la faveur d'une adaptation cinématographique dont la sortie en salles semble imminente, il vient d'être réédité en format poche. J'ai donc été ravi d'avoir la possibilité de découvrir enfin ce roman... Mais l'attente en valait-elle vraiment la peine ?

Première surprise en lisant les premières pages : on a là une écriture que l'on peut qualifier de scénaristique, avec de longs dialogues, de nombreuses didascalies, des répétitions de noms ("Machin dit ceci, Truc dit cela, Machin répondit cela") et de situations (les mêmes personnages vont, viennent et reviennent comme sur une scène, pour y effectuer un nombre limité d'actions dans un nombre limité de lieux)... Autant d'éléments qui sacrifient l'aspect purement littéraire à l'efficacité de la narration. On apprend grâce à la postface, qui d'ailleurs pourrait tout à fait être lue en guise de préface, que "La lune et le Roi-Soleil" a d'abord été conçu en tant que scénario pour Hollywood, ce roman étant une extrapolation de cette première version — ceci expliquant cela. Ce n'est pas un défaut en soi, mais mieux vaut être prévenu sous peine de ressentir, comme moi, une certaine déception...

C'est sans doute une simple affaire de goût, cependant j'aurais aimé plus d'histoires de monstres et moins d'histoires de robes, de coiffures et de fanfreluches. Les petites hypocrisies et autres mesquineries de la Cour sont plutôt bien rendues mais ce genre de vacuité a vite fait de lasser, voire d'irriter. De manière plus générale, avec un tel sujet autorisant tous les développements intellectuels, philosophiques et scientifiques, j'espérais quelque chose de plus consistant, de plus profond, de moins "facile". "La lune et le Roi-Soleil" est une lecture incontestablement plaisante, les pages tournent toutes seules, et ce pavé très digeste s'avale en quelques jours sans forcer. C'est un roman très abordable, pour tous types de lecteurs, que je recommanderais volontiers... même s'il n'a pas tout à fait répondu à mes attentes.
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Nous sommes transportés à la cour de Louis XIV vieillissant où tous, hommes et plus encore les femmes, ploient sous le carcan des usages de cour et des préjugés de l'époque. Chacun lutte pour se faire une place ou tenir sa place au plus près du roi-Soleil.
Petit décalage dans l'histoire telle que nous la connaissons : une sirène est amenée là, prisonnière des fontaines et canaux de Versailles. Son existence va boulverser la vie de Marie-Josèphe et son frère lorsqu'ils reconnaissent son humanité et les mettre en conflit avec le roi tout-puissant et l'Eglise.
J'ai apprécié autant la description de la vie à la Cour étouffante que celle des préjugés sociaux et religieux qui mettent en danger les principaux caractères.
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Ce livre n'est pas très connu en France, et pourtant Vonda McIntyre a reçu le prix Nebula pour celui-ci en 1997, le raflant au nez de George R. R. Martin et son Game of Thrones ! le Livre de Poche a décidé, certainement en vu de son adaptation cinématographique prévue pour fin d'année, de faire redécouvrir ce livre au public, livre qui n'avait plus été édité en France depuis 1999. Si son aspect uchronique et son récit situé à la cour du Roi Soleil, période de l'histoire que j'adore, a su susciter mon intérêt, je m'attendais vraiment à autre chose avec ce livre et je ressors de ma lecture assez déçue.

Dès le départ j'ai été très repoussée par la froideur du style de l'auteur. On a beau suivre Marie-Josèphe, la soeur du père De La Croix qui a réussi à capturer le monstre marin, et connaître certaines de ses pensées, j'ai trouvé le récit toujours beaucoup trop en retrait de l'action, beaucoup trop descriptif, un peu à la manière d'un documentaire. de ce fait, je n'ai pas du tout réussi à rentrer dans l'histoire, ni à me sentir proche des personnages.

L'histoire en elle même, très originale et vraiment bien documentée, n'a pas non plus réussi à m'atteindre car ce n'était pas du tout ce à quoi je m'attendais. Tout d'abord, il n'y a aucun suspens autour du monstre marin, on le découvre tout de suite et j'aurais aimé que le mystère plane un peu plus longtemps autour de lui. J'ai d'ailleurs eu beaucoup de mal avec ce monstre marin car au début, le lecteur ne comprend pas vraiment pourquoi l'auteure a fait le choix d'introduire un monstre fabuleux alors qu'un animal très intelligent comme un singe aurait tout aussi bien pu faire l'affaire. Mais heureusement, plus on avance dans le récit et plus on en apprend sur le monstre marin, on découvre certains de ses pouvoirs et sa façon de communiquer, le rendant au final indispensable au récit.

Pourtant, selon moi, Vonda McIntyre n'est pas allée assez loin. Pour moi, une uchronie (elle parle de son livre en utilisant ce terme dans la postface) implique qu'un changement dans notre histoire s'opère, alors que selon le récit les monstres marins ont bel et bien existé mais le Roi Soleil et le Pape ont effacé toute trace d'eux, et ce serait pourquoi on ne s'en souviendrait plus aujourd'hui. La Lune et le Roi Soleil n'est donc pas une uchronie, alors, forcément, j'ai été déçue. J'aurais vraiment adoré découvrir ce que l'auteure aurait pu imaginer comme changements, comment la société aurait pu être affectée par la découverte des monstres marins, surtout durant cette époque que j'aime tant !

Mais ce n'est pas un mauvais livre pour autant. L'auteure a à coeur de dénoncer de nombreuses injustices, notamment celle des femmes, et nous montre à quel point la religion peut rendre aveugle. Bien entendu, le livre est aussi un véritable discours contre la maltraitance animale et nous fait réfléchir sur ce qui distingue l'animal de l'humain. Les personnages sont atypiques et forts. J'ai aussi beaucoup aimé découvrir la vie à la cour du Roi Soleil. Ce livre nous place vraiment dans l'intimité de sa cour et nous montre nombre de ses défauts, exorcisant ainsi l'image que l'on se fait de cette période au final plutôt miséreuse.

Je suis assez impatience de découvrir le film car, comme nous l'apprend Vonda McIntyre dans la postface, avant de l'étoffer et d'en faire un livre, l'histoire était un petit scénario qu'elle a voulu créer sans se poser de limites. Je pense donc que l'histoire rendra vraiment bien en film et saura mettre en avant tout ce que j'ai aimé dans le livre. Dans tous les cas, si vous avez envie de vous plonger dans l'époque de Louis XIV et que vous aimez la science-fiction, je ne peux que vous conseiller de lire ce livre qui reste vraiment étonnant.
Lien : http://bookshowl.blogspot.fr..
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