On ne peut pas regretter quelqu'un dont on ne se souvient plus.
Butternut, Minnesota, mille deux cents âmes. Il détestait cette ville à l'époque où il l'avait quittée. L'hypocrisie. L'étroitesse d'esprit. Les commérages, notamment à son encontre. En voyant Butternut disparaître dans son rétroviseur, dix-huit ans plus tôt, il avait éprouvé une sombre satisfaction. « Là ! Bien fait pour vous ! Bande d'imbéciles ! Pour rien au monde je ne reviendrai. »
Toutefois, apparemment, il était l'arroseur arrosé. Car, à en juger par les devantures pleines de charme et les trottoirs impeccables de la rue principale, Butternut avait sérieusement évolué en son absence.
Un accident pouvait toujours arriver. Il suffisait d'un moment d'égarement.
Le sexe était une chose, l'amour, l'engagement, la responsabilité en étaient d'autres, plus importantes
Les gens qui ont souffert dans leur jeunesse ne sombrent pas nécessairement dans l'alcoolisme.
Prétendre qu'elle était insensible à son physique aurait été mentir. Il était beau et son sourire la faisait fondre.
Caroline lui manquait tant qu'il en ressentait une douleur presque physique. Autrefois, il avait su la traiter, l'anesthésier. Aujourd'hui, il n'avait pas d'autre choix que de la subir. Il ne cherchait plus à s'en débarrasser. Il se levait, descendait jusqu'au ponton et patientait le temps que le mal s'estompe. Car en général, avec les premières lueurs de l'aube venait une minuscule lueur d'espoir.
Ce qui le tourmentait, c'était ce rêve. Pas le rêve en soi mais le fait que ce soit un rêve et non la réalité.
Obtenir de bonnes notes requiert dix pour cent d'intelligence et quatre-vingt-dix pour cent de travail acharné.
Il n'avait jamais envisagé de quitter Butternut. Pas forcément parce qu'il tenait à tout prix à y rester mais parce qu'il ne se projetait pas souvent dans le futur. Pas plus que dans le passé, d'ailleurs. Il lui semblait plus sage, plus sécurisant, de vivre le présent. Réparer ses moteurs. Jouer au billard. Aller à la plage...