Furia

A l’âge de douze ans, mon père m’avait surprise en train de jouer au foot sur un terrain vague avec une bande de garçons du quartier. Je m’éclatais comme jamais….jusqu’à ce qu’il se mette à me hurler dessus devant tout le barrio : il ne comptait pas élever un garçon manqué ; le foot, c’était pour les mecs, point. J’avais écouté sans un mot, prête à me jeter aux pieds de ma mère en pleurant, mais elle s’était rangée à son avis. Je ne lui avais plus jamais reparlé de football.

Un jour, lorsqu'une fille naîtrait à Rosario, la terre en tremblerait d'extase, impatiente de voir se dérouler son avenir et non plus terrifiée.

D'ici une vingtaine d'années, serait-ce mon tour ? Serais-je résignée, occupée à pousser ma fille vers la lumière, vers une vie libre ? Ou à la tirer vers le bas pour ne pas rester seule dans le noir ?

On entendit crier "¡Vamos, Furia !", un appel à la fille courageuse en moi. Et cela suffit pour qu'elle prenne le dessus.

𝑳𝒂 𝒇𝒊𝒍𝒍𝒆 𝒒𝒖𝒆 𝑫𝒊𝒆𝒈𝒐 𝒂𝒊𝒎𝒂𝒊𝒕 𝒆́𝒕𝒂𝒊𝒕 𝒔𝒐𝒍𝒊𝒅𝒆, 𝒖𝒏𝒆 𝒈𝒂𝒈𝒏𝒂𝒏𝒕𝒆, 𝒖𝒏𝒆 𝑪𝒂𝒎𝒊𝒍𝒂 𝒔𝒆 𝒃𝒂̂𝒕𝒊𝒔𝒔𝒂𝒏𝒕 𝒖𝒏 𝒂𝒗𝒆𝒏𝒊𝒓. 𝑼𝒏𝒆 𝒇𝒊𝒍𝒍𝒆 𝒒𝒖𝒊 𝒔𝒆 𝒃𝒂𝒕𝒕𝒂𝒊𝒕 𝒆𝒏𝒄𝒐𝒓𝒆. 𝑺’𝒊𝒍 𝒗𝒆𝒏𝒂𝒊𝒕 𝒂̀ 𝒎𝒂 𝒓𝒆𝒔𝒄𝒐𝒖𝒔𝒔𝒆, 𝒔𝒊 𝒋𝒆 𝒍𝒂𝒊𝒔𝒔𝒂𝒊𝒔 𝒕𝒐𝒎𝒃𝒆𝒓 𝒍𝒆 𝒇𝒐𝒐𝒕 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒍𝒖𝒊, 𝒋𝒆 𝒏𝒆 𝒔𝒆𝒓𝒂𝒊𝒔 𝒑𝒍𝒖𝒔 𝒄𝒆𝒕𝒕𝒆 𝒇𝒊𝒍𝒍𝒆 𝒒𝒖’𝒊𝒍 𝒂𝒊𝒎𝒂𝒊𝒕. 𝑱𝒆 𝒏𝒆 𝒔𝒆𝒓𝒂𝒊𝒔 𝒑𝒍𝒖𝒔 𝒎𝒐𝒊-𝒎𝒆̂𝒎𝒆.

When boys and men became angry, they tried to fix the world by breaking it down with their fist.

Tu te rappelles ce Noël où tu as reçu une poupée alors que tu avais demandé un ballon en cuir ?

- Mamita, on ne peut pas tout avoir dans la vie. Tu verras.

J'avais envie de hurler que c'était le plus grand mensonge qu'on servait aux filles comme nous depuis des siècles.

Je souris, puis rejoignis la pelouse pour laisser cours à ce vieux chant sans paroles des femmes captives qui bouillonnait dans mes veines. Mes aïeules attendaient de le délivrer depuis des générations.

Je veux jouer au foot (...). Pourquoi c'est une évidence pour Pablo et une honte dès qu'il s'agit de moi ?