J'étais jalouse de ce talent qu'il avait pour être seul.
Alors se répandit un terrible silence qui devait dominer pour longtemps le plus puissant vacarme : le silence de ton absence. J'entendais le bruit de chacun de mes mouvements. J'entendais surtout celui de mes pas. Il me semblait n'être rien d'autre que la caisse de résonance des bruits qui témoignaient si haut et si fort de ta disparition.
Maintenant que tout est fini, nous allons écrire comment nous l'avons vécu.
Et ainsi en sommes-nous venus à éviter ce qui aurait pu nous entraîner, fût-ce à la plus grande distance possible, dans le cercle magique du succès et des applaudissements. Nous ne voulions pas le succès, parce qu’il aliénait et que sa recherche était destructrice, on le voyait bien chez toi. Nous briguions l’échec. Nous voulions faire mieux que toi : au lieu de souffrir de l’échec, nous voulions l’utiliser pour nous trouver nous-même.
Personne ne m'avait dit que la solitude peut être une sensation physique contre la faim, la soif ou le dégoût. Personne ne m'avait dit qu'elle peut devenir un sentiment qui vous retient prisonnier même quand on le croit disparu. Un jour où elle se manifesta de nouveau, j'essayai de me rappeler comment c'était quand je ne me sentais pas solitaire. Je l'avais oublié. Cela me plongea dans une peur panique.
Le spectacle insonore des flocons de neige avait glissé une magie apaisante entre moi et les choses.