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Critique de PhilippeCastellain


Je ne connais pas la Corse ni les Corses, mais j'ai toujours soupçonné Colomba d'être moins partial envers eux qu'envers les Anglais ! L'image qu'il donne de l'île est-elle caricaturale ? Sans doute un peu, mais l'histoire se base sur des faits réels. Romancés certes, mais même si la vrai Colomba avait cinquante ans et non vingt, il semble qu'elle ait bien été l'âme de la vendetta en question.

Ce petit roman si célèbre est novateur par bien des points. L'écriture de Mérimée est simple, colorée, vivante ; les descriptions précises et réalistes, se basant sur sa connaissance du pays. le héros n'est pas un aristocrate riche et ténébreux. Il n'est pas promis à un grand avenir, au contraire : c'est un « demi-solde », autrement dit un ancien soldat ayant montré sa fidélité à Napoléon, et pour cette raison mit en « pré retraite » par les Bourbons. Il ne peut espérer ni élévation sociale ni montée dans la hiérarchie.

Il ne vit pas dans un château mais dans une grosse ferme, mêlé aux paysans et au peuple, dont il porte le costume. La seule chose qui l'en distingue, c'est la noblesse de ses origines et de ses intentions. En cela il s'oppose également aux Barricini, parvenus ralliés aux Bourbons et se comportant sans honneur.

Mérimée est également l'un des premiers à se moquer du snobisme. En quelques petites phrases pleines d'ironie il ridiculise Miss Lydia, ses grands airs, ses efforts pour passer pour originale et ses fausses indifférences. Défauts qu'il juge superficiels du reste : elle révélera vite son bon fond.

Il l'oppose à Colomba, incarnation de la vengeance, de la beauté et du tempérament latin. Il souligne son courage, son sang-froid et sa présence d'esprit. Face au brave Orso transi d'amour, elle apparaît indubitablement comme « l'homme de la famille » : celui qui gère les affaires, prend ses responsabilités et veille au grain. du reste, ce sont les fonctions qu'elle a assumées seule avant que son frère ne revienne. Elle rappelle Napoléon s'exclamant au sujet de la princesse Marie-Thérèse « voici le seul homme de la famille des Bourbons ! »

Elle représente donc l'irruption dans la littérature d'une figure féminine forte, volontaire, ayant barre sur les événements. Pour la première fois ou pas loin, le féminisme sort des salons à la mode et s'incarne dans une femme du peuple. Nous sommes en 1840. Bien des changements sont à venir...
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