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Critique de Symphonia2


Ce tome est une nouvelle fois une réussite. le « plus » de ce livre est la découverte de Paris, qui est décrit à la perfection, tout comme ses habitants et leur vie quotidienne. L'auteur ne se contente pas de planter le décor, de décrire les bâtiments, la géographie, il sait mieux que personne raconter les gens, et dans ce livre-là il se concentre sur les parisiens. Un aspect qui est très drôle est que finalement il y a des choses qui n'ont pas changé et ne changeront probablement jamais, comme par exemple les loyers très chers, le manque de place, le mépris et l'ignorance des parisiens vis-à-vis de la province.

Contrairement aux tomes précédents, ce roman ne se concentre plus seulement sur les petites gens, les provinciaux, il raconte la grande Histoire. On croise donc ce nombreux grands personnages, comme le roi, son frère le duc d'Anjou, ou Ambroise Paré par exemple. Pour la première fois dans cette série, j'ai un (léger) point négatif à souligner: je trouve un peu gros que Pierre de Siorac se retrouve en très peu de temps aux côtés du duc d'Anjou, du roi, puis près de Coligny lors de sa mort. Cependant, cela nous permet de vivre les événements historiques au plus près de l'action, ce qui est toujours passionnant.

Ce qui a profondément marqué ma lecture, c'est tout ce qui précède la Saint Barthélémy: l'atmosphère électrique de Paris, le mariage de Margot et d'Henri de Navarre, la montée de la haine entre catholiques et protestants, la tentative d'assassinat de Coligny. J'ai eu l'impression que le récit était assez lent au début, mais en fait, c'était vraiment nécessaire de ralentir un peu l'action pour nous plonger vraiment dans l'ambiance très particulière, qui évolue petit à petit et qui indique à ceux qui sont attentifs les premiers signes du drame qui va arriver. Et en effet, au fur et à mesure de la lecture, on sent le piège se refermer très lentement sur les protestants.

On retrouve encore une fois l'immense talent de l'auteur qui nous décrit des événements historiques avec une précision et un réalisme parfaits. La description de la nuit et des jours suivants la Saint Barthélémy est effrayante de réalisme. J'ai été littéralement plongée dans un bain de sang, qui n'a rien à envier à un film d'horreur.

Un autre point positif dans ce tome: les personnages principaux et secondaires. C'était un plaisir de retrouver la petite bande autour de Pierre de Siorac. Pierre, qui confirme son caractère impulsif et qui se met dans des situations inextricables. Samson, le protestant tellement zélé qu'il se met en danger ainsi que ses compagnons. J'ai toujours un faible pour Miroul, le serviteur habile et sage de Pierre de Siorac, avec ses yeux vairons dans lesquels Pierre sait lire les pensées de son serviteur sans parler, et dont le rôle est de plus en plus important. Et finalement, la belle trouvaille de ce tome est Giacomi, le maître d'armes italien, qui se révèle être une excellente recrue pour ce petit groupe.
Certains personnages secondaires valent également la peine, comme Alizon, car ils sont souvent très humains et donc plus complexes qu'il n'y paraît. Son personnage est vraiment bien fait et représentatif de l'époque je pense. Alizon est une bonne fille, travailleuse, qui a bon coeur mais qui est en même temps capable de se transformer en furie pour haïr à mort les protestants. L'épisode où Pierre revient chercher de l'aide chez Alizon au cours de la Saint Barthélémy alors qu'elle avait proféré des horreurs contre les protestants l'après-midi même, est particulièrement révélateur. On se rend compte qu'une partie des habitants s'est mise à haïr leurs voisins ou des inconnus simplement parce que leur curé les a poussé dans cette haine. Mais au fond, si l'on creuse un peu, cette haine se dégonfle rapidement. C'est le cas d'Alizon, qui malgré ces propos haineux précédents, a accueilli et aidé Pierre comme s'ils ne s'étaient pas disputés.
Je n'ai d'ailleurs pas pu m'empêcher de trouver des similitudes dans ces accès de haine entre ce qui s'est passé à cette époque et tout ce qui s'est passé dans notre histoire jusqu'à aujourd'hui. C'est effrayant de voir que l'humain oublie si facilement jusqu'où la haine de la différence, en particulier pour des raisons religieuses, peut mener.

C'est donc encore un tome superbement écrit et mené, particulièrement émouvant, qui nous emmène dans le Paris qui a vécu l'horreur de la Saint Barthélémy. J'ai d'ailleurs noté quelques citations, à lire ci-dessous, car comme à son habitude, Robert Merle nous régale d'expressions, de mots et de tournures de phrase de l'époque.
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