Les émissaires ergotèrent ; le pouvoir impérial considérait deux requêtes occidentales comme non négociables : le droit pour des ambassadeurs de s'installer à Pékin et le droit pour les Occidentaux de naviguer sur les grands fleuves. Au bout de plusieurs jours de phraséologie tortueuse et de simagrées, Elgin s'impatienta : ou bien il obtenait la capitulation totale, ou bien les troupes anglo-françaises marcheraient sur Pékin. Les mandarins fondirent en larmes et révélèrent alors des documents inattendus : leurs arrêts de mort s'ils cédaient aux Occidentaux. Ils brandirent même les lacets de soie avec lesquels ils seraient étranglés.
Stupéfait, peut-être ému, le baron Gros tenta d'intercéder en leur faveur, mais lord Elgin avait compris la mentalité de ses adversaires :
- Ça ne fera que deux morts de plus, répondit-il.
Les deux mandarins rentrèrent donc à Pékin se faire étrangler.
L’amertume s’était presque dissipée.Le destin cependant reprit son métier et se remit à tisser celui de la Fille-Orchidée.
L’idée qu’un individu pût forger son destin selon ses désirs était aberrante. Les concepts occidentaux sur la liberté individuelle, qui avaient traversé tout un continent de secousses titanesques, ne pouvaient pénétrer un peuple imprégné de la sagesse de Confucius : l’être est tributaire du cosmos et ses besoins, comme ses désirs, sont des émanations du Grand Tout.
Le désir d’apprendre est la graine du talent.
On pleure un père ou un mari parce qu’il a été le symbole de l’unité familiale, le pourvoyeur des biens qui assurent votre existence, nourriture et sagesse.
La décence exige les larmes, le sentiment renouvelle parfois leur source. De toute façon, les morts emportent avec eux un fragment de votre vie.
La corruption, de coutume, n’était coupable que dévoilée.
Voilà ce que rapporte cette folie de vouloir apprendre à lire à tout le monde ! À quoi sert, je vous le demande, qu’un paysan sache lire?
Ce qui était bon pour la reine d’Angleterre l’était certainement assez pour les Chinois.
Haïr, c’est aussi une façon de s’affirmer.