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Critique de Zephirine


De Vincent Message, j'avais aimé « Cora dans la spirale » et j'ai eu le plaisir de retrouver son écriture ciselée, aux accents poétiques dans son dernier roman.
Le narrateur, Elias Torres, est un écrivain qui n'a pas encore connu le succès. Il narre sa mésaventure : refoulé des États Unis où il venait présenter son roman, cette rebuffade annonce quelque chose de plus grave, qui n'est pas précisé mais qui oblige la population à se confiner. Cette menace est d'autant plus inquiétante qu'elle n'est pas nommée, juste suggérée à travers le dérangement climatique.
« Ça commençait à devenir long. Chacun chez soi, jour après jour… Les murs des pièces se rapprochaient. L'étau se resserrait autour de nos tempes »
A cette situation de déjà vu, l'auteur mêle des réflexions sur le réchauffement climatique. le thermomètre s'emballe et la vie entre quatre murs dans un centre-ville déserté où les libertés sont restreintes se complique. le quotidien de sa famille aussi est touché, avec sa femme, leur petit garçon remuant et Maud, adolescente écolo révoltée par l'inertie des dirigeants et des adultes. Elias n'a plus son travail de libraire puisque les librairies ont baissé le rideau et, avec cette fermeture, il a perdu le contact avec les autres et les discussions, les fêtes à pas d'heure avec ses potes qui se passionnent pour l'art et le combat d'idées. Désoeuvré, Elias va se tourner vers l'écriture, rechercher cette inspiration qui lui échappe. Il y a bien la cave, pour s'isoler, mais écrire sur quoi ? Heureusement, la littérature est toujours là pour nous consoler, et nous nourrir dans ces périodes de disette. de ses visites à son vieil ami et poète, Igor Mumsen, il va se passionner pour l'oeuvre de l'historien byzantin Procope de Césarée qui a chroniqué le règne de l'empereur Justinien. L'historien évoque ce petit âge glaciaire, période qui va de 536 à 547, où la perturbation du climat a entraîné des famines et des épidémies catastrophiques. On sait depuis peu que cette période climatique plus froide a été la conséquence de trois éruptions volcaniques majeures qui ont voilé le soleil.
En écrivain curieux, Elias Torres établit un parallèle entre cette période glaciaire oubliée et le dérèglement climatique de notre époque. Et là, il tient son sujet, pense-t-il.

Le roman navigue entre les expériences, les mésaventures du narrateur qui s'interroge sur sa vie qu'il ne maitrise plus et sur ces incursions dans la littérature et les catastrophes du passé. Deux époques mais une même menace climatique.
Le chapitre 16 débute ainsi « Vous le connaissez un peu, maintenant, Elias Torres. Je suis une voix qui a votre voix dans votre tête »
Oui, après lecture, j'ai l'impression de le connaitre, ou tout du moins de l'avoir croisé dans quelque librairie toulousaine, cet écrivain qui se confie avec sincérité, et avec lequel j'ai déambulé dans Toulouse. C'est ma ville que j'ai aimé redécouvrir et vivre sous la plume de Vincent Messager alias Elias Torres. Il sait si bien la raconter. Oui, je me suis inquiétée pour lui et sa famille, et j'ai été curieuse d'en savoir plus sur ce petit âge glaciaire. Et, je dois l'avouer, j'ai été triste de laisser ce personnage attachant et son projet de roman à la page 254. Car oui, j'aurais aimé que ce roman captivant soit plus long.


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