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Critique de Charybde2


Sur un chantier de construction et dans ses interstices laissés libres, l'écriture hautement fourchue du songe silencieux d'un ouvrier de l'extrême bas de l'échelle.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/02/15/note-de-lecture-le-journal-dun-manoeuvre-thierry-metz/

C'est Joseph Ponthus, dans son magnifique « À la ligne – Feuillets d'usine » (2019), qui rend hommage à et m'a fait découvrir ce texte étrange de Thierry Metz, publié en 1990 dans la collection L'Arpenteur de Gallimard, alors que l'auteur, entre les chantiers, aligne depuis déjà trois ans les textes hybrides et les poésies, publiées d'abord en revue, puis en recueil. Possible quintessence, en une centaine de pages aérées et pourtant d'une densité presque effrayante, d'une littérature prolétaire à la tradition toujours à éclipses, « le journal d'un manoeuvre » dégage une force silencieuse peu commune, et entretient une relation complexe et belle avec les labyrinthes de la méditation sur l'existence, ancrée dans le geste simple, quotidien, et dans l'échappée incessante qui peut bouillonner sous un crâne occupé. La lectrice ou le lecteur seront sans aucun doute saisis par la portée de cette parole discrète, et tenteront de ne pas se complaire dans le vertige du destin tragique de l'auteur, détruit par la mort de l'un de ses enfants en 1988, qui le conduit d'abord à l'alcoolisme, puis à l'internement volontaire en 1996 et au suicide en 1997. On songera sans doute, à un autre bout du spectre des presque silences hautement signifiants, au « Armen » (1967) de Jean-Pierre Abraham, et à une voie délicate d'appréhension du réel, toujours réputé simple et tout autant faussement simple. Un texte bouleversant, par ses échos intérieurs, sa scansion intime et son mélange unique de dureté et de douceur, avant tout.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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