XIII Mystery, tome 1 : La Mangouste

Du méchant stéréotypé, faisons table rase ! Avec La Mangouste, Xavier Dorison et Ralph Meyer débutent la série XIII Mystery de chez Dargaud, qui doit développer l'univers de la fameuse série XIII de Jean van Hamme et William Vance.

Suite à l'énième fin (celle du numéro 19 ce coup-ci) de la série XIII, des one-shots sont commandés à des scénaristes et des dessinateurs de tous horizons afin de créer des histoires uniques, et relevant de leurs origines, sur des personnages fondamentaux de cette saga au (trop) long cours. Même si l'initiative m'énerve passablement par son évidente motivation financière, il faut reconnaître que le scénario de Xavier Dorison est très bon : non seulement il reprend parfaitement les rares informations que nous avons sur la Mangouste, mais surtout il crée une histoire plausible pour ce personnage charismatique.
Entre déboires de jeunesse, motivations louables et hésitations constantes, cette Mangouste inconnue se construit peu à peu devant nos yeux. le bon point principal à souligner ici est le fait de ne plus se contenter d'une Mangouste ennemie de XIII parce qu'elle le valait bien : ici, elle a des motivations, un code d'honneur et des techniques bien à elle. C'est rythmé, bien pensé et surtout sans volonté de faire autre chose que ce pour quoi cet opus a été commandé : raconter par quoi la Mangouste est passée pour en arriver à ce que nous la rencontrions dans la série XIII. Xavier Dorison aurait peut-être dû faire la série XIII en lieu et place de Jean van Hamme, finalement…
Nous pouvons avoir quand même quelques doutes sur la prestation graphique de Ralph Meyer, mais il s'adapte bien au trait plutôt réaliste utilisé jusque là par William Vance dans les XIII et on reconnaît bien le peu de personnages que nous avons pu croiser dans d'autres tomes. de plus, le lettrage de cette série m'a toujours semblé bizarre et ici j'ai même longtemps cru que le mentor du héros se prénommait « Hang » et non « Hans », détail tout bête, mais gênant quand même.

Des défauts à minorer, donc, mais constants tout au long de ce tome. Malgré tout, voilà bien un one-shot de bonne facture qui s'épanche comme il faut sur un personnage ô combien important et vraiment bien caractérisé. le fait que nous avons ici cinquante-huit pages, et non les quarante-huit maximum habituelles, y joue incontestablement un rôle notable…

Je n'avais pas remarqué que cette BD était liée à la série XIII (que je n'ai pas lue) et qu'elle présentait l'un des personnages de la série (son histoire). Ce n'est donc pas étonnant que ce récit ait été moins riche en suspense que ce que j'attendais. J'aurais sans doute beaucoup plus apprécié si j'avais d'abord lu XIII (ce qui est mon intention). Ce tome-ci présente l'histoire d'un tueur à gage surnommé La Mangouste et ce n'est pas inintéressant (l'histoire donne envie de lire la série d'où est issu ce personnage). Par contre, beaucoup de choses (de personnages) sont difficiles à comprendre et à suivre pour le lecteur qui commence par XIII Mystery.

On pourrait penser au départ à une simple opération commerciale : l'auteur de XIII décide de mettre un terme à l'aventure alors forcément l'éditeur veut continuer à profiter du filon en créant des spin-ofs. Il y a forcément un peu de ça mais le texte de van Hamme en début de voulume permet aussi de comprendre une démarche "littéraire": mieux connaître l'histoire de personnages annexes de la série qui ne servent parfois que d'utilités.

Et quoi de mieux pour commencer que La mangouste, tueur en série froid et déterminé, dont nous ne connaissions évidemment rien puisque ce genre de personnage s'évertue forcément à en dévoiler le moins possible. Comme il fallait s'y attendre, on s'attache plus à lui car chaque homme a son histoire, ses failles, ses douleurs. Chaque volume étant confié à un duo scénariste-dessinateur différent, on ne peut s'empêcher de chercher la différence dans le trait ou la recherche de réinterprétation graphique. On est plutôt ici dans la volonté de coller à l'original. Ne connaissant pas les autres travaux de Ralph Meyer, je ne saurais dire si c'est dû à une proximité naturelle avec le dessin de Vance ou s'il y a eu beaucoup de travail pour se contraindre.

Côté scénario, tout colle bien à l'histoire de départ. L'exercice est intéressant, pour l'auteur comme pour le lecteur, mais le côté One shot fait forcément perdre le côté suspense et cliffhanger intrinsèque à la série XIII.

Avec cette suite on perd Vance et Van Hamme mais on trouve un Meyer et un Dorison et ce n'est pas plus mal: la transition s'est parfaitement effectuée. La série initiale terminée avec difficulté et dans l'épuisement on replonge avec volupté dans ce monde interlope peuplé de méchants toujours aussi méchants. Toutefois il est quand même curieux que ces méchants soient toujours de sales cocos russes à uniformes ou dégaine pouilleuse ou d'allemands, à croire qu'ils détiennent le monopole de la saloperie mondiale, coté occidental il est vrai que le méchant est sanglé dans un costard haut de gamme et a toujours un franc sourire ultra-bright. Alors oui on comprend mais bon...
Graphiquement une première de couverture très attrayante avec la mangouste très décontractée et souriante avec sur sa belle chemise blanche une projection de sang et un chouette pétard de cow boy. En dernière de couverture la même case que celles de la série précédente mais avec la mangouste. Les cases marquantes de l'album ne sont pas nombreuse page 4 un superbe bateau sur une mer agitée et sur fond d'orage le tout en noir, blanc, bleu et bleuté avec en deux lumières vertes et rouges qui se détache sur le fond noir, page20 une case avec fond orangé et en surimpression deux personnages en noir et bleu et pour le reste en dernière page la mangouste sur fond d'incendie avec un cadrage intéressant. Sinon les personnages ne sont pas vraiment bien finis et la mangouste ressemble parfois à Gollum surtout lorsqu'elle est énervée
Pour le scénario un peu de misérabilisme avec les débuts difficiles du jeune Schreiner dans une Allemagne en ruine livrée à des troupes russes corrompues. Son premier assassinat et la crise d'alopécie qui a suivi de la Mangouste, sa formation de «mercenaire du crime»
Pas beaucoup d'originalité mais cela se laisse regarder
Néanmoins la Mangouste apparaît sous un jour meilleur il en devient presque sympathique
On comprend son parcours et pourquoi il en est arrivé là et puis il faut bien reconnaître qu'il a du mérite à s'en être sorti car ce n'est pas lui qui a choisi les armes avec lesquelles il faut se battre: il s'est adapté malgré ses déboires et il a un instinct de survie très fort
Agréable album sans plus

EXTRAIT "Ce personnage pour moi (et pour l'instant) énigmatique prend de l'épaisseur grâce à Xavier Dorison qui lui donne une perspective tragique assez plaisante. Il donne du sens à ce personnage, qui jusque là était le méchant "parce que". Il prend une réelle envergure. Presque, on pourrait se dire qu'en fait il n'a rien d'un "méchant". Finalement, il est certes amoral mais il reste professionnel, ne tuant pas en dehors de ses contrats. C'est un survivant, un prêt à tout. Et surtout, c'est fondamentalement un indépendant. Tout cela change grandement l'image qu'on peut avoir de lui au début de la série."
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