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Critique de ATOS


ATOS
23 février 2017
Échappé, arpenteur, rêveur, hanté, philosophe explorateur , sapeur, habitant habité, voyageur voyagé, inventif, traversé traversant , hardi, évadé, Poète libérant libéré !
On se déferlutte  de grande langue. Voilà l'« Illustre et modeste odeur de paille de l'enfance ».
Un peu de grand Michaux pour faire dégueunillette à nos petits jours de peine.
« Leger comme une plume Madame » !
Léger mais profond, aussi profond que cet étang à qui le poète et l'enfant ont donné une âme.
« Ciel à tête », c'est un bonheur !
« Le monde revient, le monde remonte ».
Et nous traversons, à distance, et nous rebondissons d'un texte dans l'autre, emportés, étonnés...
Nous respirons ! Sonnez clairon ! Sonnez à la conscience du monde .
«  Je crache à la bouche de la foule ».
Le poète, cet animal sans oeillères, sans paupières, fait pile à la beauté et face aux douleurs de notre Mal.
Et il convoque les mots :
« Une fois de plus, venez
venez, mots misérables encore
pour exprimer le tombé, le dévasté, le méconnaissable
le trois fois plus redoutable qui dans l'ombre se prépare »…
redoutable comme l' « homme se croit une civilisation » .
voilà «  le même » ,
voilà «  quelqu'un », voilà tous nos pareil à la pelle même.
160 visages, comme une bande dessinée.
A tous ces semblables fleurissant…
des mots toupie, des mots portes fenêtres , des mots cheminée , des mots volutes cendres brumes et regard à ces lieux lointains ,
« Ici est la patrie de ceux qui n'ont pas trouvé de patrie, cheveux de l'âme flottant librement. »
Mais il faut également redouter , car le poète nous le conte : si nous redoutons les lions, craignons bien plus la férocité des chiens.
Le lion nous blesse, le chien nous dévore.Voilà la vérité à crue.
Ouvrons l'oeil et colorons le trou noir de nos espaces !
Chassons la noirceur du silence !
Il faut armer son coeur contre les escadrilles du malheur qui font tomber les oiseaux du ciel, qui arrachent les branches des arbres.
« il n'est pas permis à être au monde de commettre l'imprudence d'avoir confiance ».
L'innocence n'entame en rien la vigilance, ni la conscience du poète.
Conscience au portes grandes ouvertes, battantes.
Il faut bien cela pour assister la naissance du monde !
« L'époque abonde – L'époque met au monde- Elle n'est pas encore signée. ».
Garder la capacité de Voir.
«  Dans l'adversité la beauté de l'existence n'est pas absente. »
Alors «  sur la toile du monde il va faire quelque chose », « prendre conseil d'un arbre , d'un arbre pour qui sucer entre le dur gravier c'est déjà la vie en rose ».
Etre capable, capable d'essentiel.
Voilà donc le rôle de l'oiseau. L'oiseau qui ne devrait jamais « laisser à la révolte son nid de duvet ».
Et puis dans un ultime moment, être capable, capable « dans l'amitié du silence «  de s'enfoncer seul dans la nuit immense ».
Ne pas être complice de l'Un,ne pas en être objet, ne pas sautiller dans l'image, ne pas être observé, ne pas être observant, ne pas être observateur.
Etre opérateur de son propre voyage.
Alors rester voyant, ne pas se perdre dans « une poussière de pouvoirs » .
Chercher toujours la lumière et en plein jour, être capable d'attendre le lever du soleil.
L'espace n'est pas rien, n'est pas néant.
Il est une étoffe, faite de plein qui répondent aux vides, tout est pluriel, divers. Correspondances.
« Paysages sans site, abstraits par réserve par vérité, par recul ».
Le peintre explore il entre dans les fibres, dans d »indécis cotonneux territoires », là où, plus exactement, à travers quoi «  l'immuable se forme, se reforme sans formes, l'existence, la résistance, la commune connaissance ».
« Sous les yeux » est la naissance. « l'amas , la masse, le reste, l'oeuf ».
Mais hâtons nous, il faut mouvementé , secoué, l'espace, « Il faut se hâter , L Histoire va fermer »…
Mais, « l'aube de l'oublie qui la voit ? »
Alors «  Il faut repartir / le squelette a enterré le cadavre ».
aller d Ailleurs, se vouloir méconnaissable dans la multitude des regards, éviter cette nappe qui se fraie une terreur dans l' âme, cette « nappe qui ne conduit nulle part vient de partout ».
Pays où l'on se noie, maladie des ensembles qui nivelle, villes, bruits, murs, qui ensevelissent , pays où « le plus petit prodige est un tic »…
s'échapper, sauver ses os, traverser, passer, au dehors de l'anéantissement.
Une vague qui élevera une grande poussière. La désintégration, l'« infinisation »,
Ce moment.. «  le moment de la paille touchant à la paille ».
Il ne met pas le feu au poudre, ni de poudre à nos yeux.
Non, il est l'urgence de son propre voyage.
Il faut nourrir sa terre, encrer chaque sillon, un sillon comme un paysage, une ligne, une onde, une lame, un visage, une jachère.
« de toute façon s'en aller
de n'importe quelle façon,
s'en aller. »
Mais toujours veiller en corps, à chevet.
Au chevet de l'enfant visage « enfant sans main, sans pied, ne quittant pas le lit ».
l'enfant visage « rêve à l'élémentaire », cet enfant porté à la fenêtre des îles.
À ces pays d'ailleurs . Téké , « tes narines sentent au loin »
« à coups redoublés, la liberté, à gros bouillons, à tue-tête, à tire d'aile. le continent sombre cassera la roue, cassera les chaînes, retrouvera ses filles multicolores, son flambant neuf et son retour de flammes ».
Teké ! , il te faut partir.
« Téké marche sans demain, creuse ta tombe homme d'usine ».
«  traversés plafonds, planchers et finies dissipées les répulsions ».
….« Parfois la tête , c'est un oiseau ».
Se libérer des mots, faire gestes plus que signes, s'en aller au hasard, ne jamais le provoquer, éclater plutôt que former. Percer, écartelé de demain, «  cherchant la sortie du terrier ».
Prendre le risque de s'effacer, et « sur sa vie soudain elle passe le buvard » , retirer l'espace, «  le temps a corrigé », prendre distance, et comprendre sa liberté.
Fuir les labyrinthes, fuir leur ville, leur règne, leur méchantes pensées. Être «  extrêmement infiniment distant ». « pour ressortir d'aventure de toute aventure où la boue ne s'attache pas où la poussière ne se pose pas », et cela sans mesure.
Se liquéfier, s'éparpiller, de dissiper, se dissoudre. Peu importe, il lui faudra vivre toute traversée.
Devenir « forme non fermée indéfiniment reformée ».
Comme des volutes de fumée.
«  Libérée du poids de la Terre des remontrances de la Terre, des réseaux /Là où les têtes commandantes n'ont plus accès ».
« Informe, peu informé, le corps n'a pas encore de plein, n'a pas de membres.Un fil, un simple fil, un fil entoure le vide de l'être.Enveloppe seulement. Poussée vient. Des bras sortent, de la tête de n'importe où, pour s'étirer, pour se détendre, pour davantage s'étendre, à l'aventure, bras de fortune sans savoir où déboucher, essais d'enfants, dessins d'enfants ».
« Cerveau d'enfant, cerceau d'enfant, cercles, cercles... »
« Vie comme un livre ouvert, en évidence sur une table, et qui seul compte, devant lequel sans le lire on passerait sans s'arrêter, sans y songer, sans le pouvoir ». Alors à travers page, à distance, « s'en aller de n'importe quelle façon, s'en aller. » et traverser.


Toi qui lira cette correspondance , qui regarde une partie de mon âme , toi qui sais le voyage, sache maintenant que l'histoire va bientôt se refermer, alors hâte toi, traverse le livre passage !

Astrid Shriqui Garain
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