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Critique de Brooklyn_by_the_sea


"Ce dont on a besoin, c'est d'une littérature IMPARFAITE (...), une littérature qui HURLE A L'ANARCHIE, apporte de L'ANARCHIE, qui ENCOURAGE, NOURRIT et REVELE la folie qu'est véritablement l'existence (...), une littérature qui dévoile la vie de ceux qui se font ECRABOUILLER et DETRUIRE (...)", écrit T-Bird Murphy, le narrateur de ce roman. Objectif brillamment atteint, avec ce récit hallucinant.

T-Bird Murphy se terre dans un garage du Missouri, mais il ne nous dira pas pourquoi. Toutefois, il nous raconte ses années de jeune adulte passées à Oakland -son enfance destroy, il l'a déjà racontée dans "Gris Oakland", dont j'ignorais l'existence et que je n'ai pas lu (flûte !). La jeunesse de T-Bird Murphy est celle d'un laissé-pour-compte du rêve américain, qui enchaine les boulots harassants, les virées au bar et les délires entre potes. Avec lui, on sombre dans le ghetto "white trash", pollué, miséreux et raciste d'Oakland.
Ce pourrait être plombant, mais T-Bird est un poète et un enragé. Un passionné de jazz, féru de littérature, qui rêve d'amour dans le brouillard jaune qui tombe sur la baie, qui célèbre la classe ouvrière ("Ce livre parle des gens qui TRAVAILLENT pour gagner leur vie, les gens qui se salissent et ne seront jamais propres, les gens qui se lavent les mains à la térébenthine, au solvant ou à l'eau de javel (...)"), qui tutoie son lecteur ("Pour toi, ce sont des PERSONNAGES, pour moi, c'est la FAMILLE, ceux avec qui j'ai grandi."), et règle ses comptes avec la littérature ("Et Theodore Dreiser, il a écrit les phrases les plus pourries jamais écrites à ce jour, mais "Sister Carrie" en dit plus et tape bien plus fort que tous les romans de Pynchon, cette branlette superbe, érudite et experte. Que la PERFEXTION aille se faire mettre."). Devant une telle furie, je suis saisie d'admiration.

L'écriture d'Eric Miles Williamson me fait penser à un mélange de Bukowski-Selby Jr- Kerouac ; wow, quel cocktail ! Et comme ça fait du bien d'être bousculé de la sorte ! J'adore cette forme de férocité qui ne tombe jamais dans le cynisme. Car il y a quelque chose de doux et de douloureux dans ce roman, une humanité et une dignité qui réchauffent l'âme. Et puis, c'est parfois très drôle.
J'ai donc beaucoup aimé ce roman rugueux et poisseux comme du goudron, et totalement incorrect ; punk's not dead, et c'est une bonne nouvelle ! Et encore un auteur que je ne vais pas lâcher.
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