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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Belle soiree de printemps. Je me balance doucement dans mon rocking chair au bois grisonnant, caresse son bras arrondi et me demande s'il va encore s'eclaircir, comme moi, s'il arrivera jusqu'a blanchir avant qu'on ne le jette au debarras. A travers la baie vitree les verts, eux, obscurcissent. Je leve un peu les yeux. Les nuages en procession sont teintes de bleu clair. A force de les fixer ils rosissent tendrement, charmes par l'heure. C'est trop beau, faussement calme, a peine le temps d'une lippee de mon vieil Sempe et l'extase rosatre est bouleversee, striee de rouges grisonnants. le ciel aussi, comme le bois? C'est trop beau, je me concentre sur mon petit ballon d'armagnac pour ne pas pleurer.

Par terre, a mes pieds, le livre qu'une main engourdie a lache. Tres beau lui aussi. A en pleurer. Vieille France. C'est son titre. C'est le surnom qu'un personnage donnait a l'heroine principale, jeune femme de petite noblesse provinciale forcee (parce qu'elle a “faute”) de servir de riches juifs. A son grand dam. A sa grande fierte. A son grand bonheur. de riches juifs? Des “israelites”. Eux aussi Vieille France. Tres proustiens (Proust n'etait il pas lui-meme un juif tres proustien?). Mais nous sommes a la la veille de la deuxieme guerre mondiale. Et quand elle arrivera, quand arriveront les annees noires, Vieille France sera Belle France, Grande France, pour ces juifs qu'elle aime et dont elle execre la judeite.

Par terre, a mes pieds, un livre ecrit en Vieille France, en une langue simple, legerement surannee, ronde et poetique. Qui va droit au but, droit au coeur. Qui fait sourire et peut faire pleurer. Je chauffe comme je peux de mes doigts maigres mon petit ballon de vieil armagnac Sempe. Comme une envie de porter un toast a Vieille France. Ou a son auteure, cette petite-fille d'un president.
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J'ai beaucoup aimé le roman, à nouveau. C'est le portrait d'une femme attachante malgré son caractère réservé et ses a priori. Issue de la bonne bourgeoisie catholique versaillaise, elle se retrouve contrainte de travailler au service d'une famille juive de "nouveaux riches". C'est un véritbale choc des cultures qui va permettre à la jeune femme d'élargir son horizon et de se révéler en quelque sorte.
C'est aussi une histoire de la Seconde Guerre Mondiale : la France occupée, la déportation des Juifs, les rationnements, la résistance et la collaboration, les choix qui s'offrent à chacun. Ni grande héroïne de la Résistance, ni lâche, notre héroïne suit son coeur et sa raison, choisissant la voie des justes sans grands coups d'éclat, mais avec loyauté et constance.
Une histoire forte donc, racontée avec sobriété par l'héroïne elle-même au soir de sa vie...
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Mademoiselle Drot, une jeune fille "de bonne famille", hélas ayant "fauté", se place comme gouvernante dans une riche famille juive des beaux quartiers de Paris. Elle est jeune, elle est belle, elle est intelligente, connaît les "bonnes manières" et va vite faire la conquête de sa patronne, une agréable jeune femme avide de culture et de distractions. Hélas, on est à la veille de la seconde guerre mondiale et bien des équilibres vont être bousculés. L'exode, la chasse aux israélites, le dévouement sans faille qu'elle voue à sa patronne, vont amener l'héroïne, catholique bon teint et passablement antisémite (par ignorance plus que par haine de la différence), à revoir ses principes et "entrer en résistance". Dans ce beau roman, sensible et touchant, sans mièvrerie d'aucune sorte, Hélène Millerand nous décrit le destin d'une "belle âme", qui a mis son propre bonheur entre parenthèses pour faire celui des autres, dans une époque troublée...
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A la veille de sa mort, Melle DROT, gouvernante depuis 65 ans chez Les Treives, famille de juifs marchands d'art se souvient... Issue d'un famille fervente catholique, fille-mère, elle est reniée par les siens et doit se débrouiller seule. Elle laisse sa fille aux bons soins des bonnes soeurs et elle profite de son excellente éducation pour rentrer en 1938 au service des Treives. Elle sera témoin de leur vie et de part son éducation stricte et très catholique, elle sera souvent choquée par leurs attitudes ou leur façon de faire contraire à l'éducation qu'elle a reçue. Cela ne l'empêchera, cependant pas, de s'attacher à eux et de leur vouer un amour sans limite. Elle élèvera comme son propre enfant le fils de la famille alors qu'elle n'a pas pu le faire avec sa propre enfant. Elle assistera donc à la vie fastueuse de cette famille et sera témoin de leur malheur durant la seconde guerre mondiale. Je me suis attachée à ce personnage, secret et fidèle. La vie de cette domestique m'a beaucoup touchée, elle a tout su de ses maîtres tout en étant fidèle et discrète. Eux n'ont jamais rien su d'elle, de sa vie d'avant car la vie du domestique, à l'époque, avait peu d'importance...
"Vieille France" c'est le surnom que je me suis donnée car je suis souvent choquée dans la vie de tous les jours par les incivilités et manque de savoir vivre des gens en général, il me semble à chaque fois être la seule à être choquée...
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Ce court roman est un petit bijou de tendresse et d'émotion. Dans un long monologue qui ressemble à une confession une dame que l'on devine âgée se souvient et avec des mots justes et sans jamais juger elle raconte sa vie durant la période 38/45. Française de la bonne société, reniée par les siens parce que fille-mère, elle entre au service d'une famille aisée sans savoir qu'ils sont juifs. Alors que toute son éducation chrétienne et ses idées antisémites plus par ignorance que par conviction la pousse à quitter cette place elle restera finalement sa vie entière au service de cette famille et surtout fidèle à la mémoire de sa patronne dont on sent les liens d'amitié bien plus que de travail qui les unissent. On croise dans ce roman ce que furent les gens à cette époque, des braves, des crapules et une masse d'indifférents. Hélène Millerand dépeint dans ce récit de très beaux portraits d'hommes et surtout de femmes que la vie oblige à se remettre en question. C'est superbement écrit, sensible et sans mièvrerie d'aucune sorte.
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Mademoiselle Drot a passé 65 ans comme gouvernante chez un couple de marchand d'art. Elle se souvient de son arrivée en 1938 et des premières années, durant la guerre, qui vont la marquer à jamais et façonner sa vie. Elle va découvrir un monde à l'opposé du sien.
Sans jamais se départir d'une attitude digne et discrète, mais avec un caractère affirmé et fidèle à ses principes, elle va se dévouer à cette famille, se détachant de sa propre vie.
Malgré les sujets graves et douloureux abordés, au coeur des violences de la guerre, ce livre est un bonbon, grâce à une écriture simple, pleine d'humanité sans mièvrerie ou sensiblerie superflu. Alors qu'il y aurait matière à ne pas adhérer à certains choix de l'héroïne, voire même en en être révolté, paradoxalement c'est avec un sentiment de douceur nostalgique que l'on referme le livre.
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Hélène MILLERAND nous offre, avec "Vieille France", un récit intimiste où le lecteur est invité, dans une dernière confidence, à partager une tranche de vie. Une vie de femme qui traverse une période trouble de l'histoire de France allant de 1938 à nos jours, qui avait des atouts pour vivre à un autre rang mais que la vie à conduit à l'éveil sur elle-même à travers le service d'autrui comme gouvernante.

Bénédicte, l'héroïne, mérite amplement ce surnom de "vieille France" de par ses traits de caractères et sa personnalité aristocratique. Elle s'affirme empreinte des caractéristiques d'un bon nombre de Français de l'époque: tendances maurassiennes, très catholique, pleine d'à priori sur les juifs, antibolchévique.

Traits que la réalité des rencontres et des situations va adoucir en la conduisant, elle qui s'est toujours oubliée elle-même, à entrer dans une éthique de don de soi en apprenant à aimer. A aimer non ce qu'elle est, non pas un homme qui prendrait soin d'elle, non pas sa fille issue d'un viol incestueux mais à aimer gratuitement une femme différente d'elle et un enfant auquel aucun lien du sang ne la relie.

J'ai adoré les scènes de la vie bourgeoise décrites dans cet ouvrage, les personnages qui le font vivre et les relations qui unissent ceux-ci malgré toute leur différences.

J'ai adoré Bénédicte, cette femme "vieille France" au charme infini qui correspond à ce que j'apprécie dans la société.

Grâce à un style d'une fraîcheur extraordinaire, Hélène MILLERAND, accroche le lecteur dès la première page sur un ton intimiste qui captive, qui nous implique dans le récit en nous donnant l'impression d'être réellement aux côtés de Bénédicte dans ses derniers instants de vie.

Une histoire pleine de beauté, de sentiments mais sans mièvrerie aucune. A lire !
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Que la belle surprise que voilà. Venant de terminer "les prétendants", je pensais continuer dans la catégorie "Chronique sociale que se passe-t-il donc chez les très riches"... Et finalement non, pas du tout. Je m'attendais à un livre léger et me voici avec un récit passionnant qui couvre plusieurs années, notamment la période de l'Occupation de la France pendant la Seconde Guerre Mondiale. J'ai vraiment beaucoup apprécié ce livre. Très bien écrit, il se lit bien, il décrit très bien cette période de l'Histoire de France. Un sans faute. :-)
Lien : https://joy369.unblog.fr/
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Ayant vu le film "Mademoiselle Drot", j'ai voulu lire livre d'où il était tiré.
J'ai apprécié sa lecture. Je le conseille vivement.
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