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Critique de paulotlet


Les bouquins d'Alain Minc ne présentent pas vraiment de grand intérêt. Et ce d'autant plus que vite écrits et vite lus, ancrés dans l'actualité ils ne résistent pas toujours au temps, le grand homme se contredisant au gré de l'évolution politique française. Alain Minc est un intellectuel médiatique, une sorte de directeur de conscience moderne. Parue juste après la chute du mur, cette Machine égalitaire s'inscrit dans un contexte de jubilation des droites européennes qui claironnaient qu'enfin le monde devenait adulte, qu'il était désormais prouvé qu'il n'y avait qu'un seul système économique possible et même que nous assistions à la fin de l'Histoire, l'ensemble de l'humanité se rangeant avec enthousiasme derrière la bannière de la libre entreprise. Pourtant, au milieu de ce grand élan moderniste, Minc observait une France frileuse, hésitant à entrer de plain-pied dans le nouvel ordre du monde. le constat est connu tant on nous l'a rabâché; la France souffre de trop d'égalité, de trop de sécurité d'emploi, de trop d'interventionnisme étatique, d'une sécurité sociale qui n'incite pas à la recherche d'emploi. Et notre censeur de montrer que plus d'inégalité entraînerait derechef plus de richesse et par là même rendrait tout le monde plus heureux.

Au fond, on était en train de remplacer une idéologie prétendument scientifique par une autre dont on nous disait qu'il était tout à fait stupide de s'en distancer et qui conduirait aux crises qu'on sait.

Pourquoi évoquer ce bouquin, lu il y a vingt ans et qui n'a laissé en moi aucune trace tangible? Dans son essai Les Nouveaux chiens de garde, Serge Halimi cite Laurent Joffrin qui, en 1993 lorsqu'il était encore chef du service économique du Nouvel Obs déclarait fièrement : "On a été les instruments de la victoire du capitalisme dans la gauche". Et là tout m'est revenu. Ce livre d'Alain Minc n'était pas seulement la lecture de chevet de tous les jeunes Turcs de la droite française. Il marquait la conversion massive des partis de gauche et de tous les intellectuels qui trottinent autour à l'économie de marché, à l'austérité vertueuse. le peuple de gauche se dissolvait dans les pages économiques de Libé, tous voulaient être compétitifs et adaptés au marché. Pour moi, ce bouquin a marqué la fin d'une certaine idée du progrès social. Vingt ans plus tard, l'unanimisme se fissure doucement, timidement, tant ce qui n'était qu'une position doctrinale s'est imposé comme une évidence.
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