"Des coeurs et des sexes qu'on réchauffe au micro-ondes virtuel des sites de rencontres. Des "histoires PIcard" en quelque sorte: des relations déjà préparées, à la dégustation aussi rapide que prévisible. Et sans valeur sentimentale importante."
Les goûts et les affinités ne sont qu'un pâle prétexte à une envie exacerbé de rompre la solitude devenue trop oppressante.
Nous habitons notre page comme on habite une maison. Nous la décorons de mots et d'images. Ici s'éveillent et se reposent désormais nos sens et toutes nos pensées. Le corps, lui, n'a plus de domicile fixe.
"Quand Alexandra, pubeuse épanouie, entre pour la première fois dans ma chambre, elle reste bouche bée devant les livres qui tapissent les parois et s'entassent un peu partout au sol. J'ai remarqué que ce décor a le pouvoir de mettre les filles que je rencontre par ce site dans un curieux état d'excitation. L'alibi culturel comme facteur érotisant - je note à la hâte cette phrase sur un paquet de clopes pendant qu'elle est aux toilettes. Lorsqu'elle revient et me demande si j'aime Amélie Nothomb, je ronfle déjà."
« [La] tendance de la plupart des membres du site à tout prendre au pied de la lettre me laisse interloqué. Comme si, pour eux tous, la première personne du singulier était synonyme de confession. Comme si j’avais vraiment envie de faire des aveux en public, de dévoiler les secrets de mon désastre. Ils semblent ignorer qu’à chaque fois qu’il fait son apparition dans le texte, le « je » n’est jamais autre chose qu’un tortionnaire de fantômes. »
Au premier rendez-vous, j'arrive toujours en avance. J'aime assister à l'apparition de la fille qu'on croirait sortie de l'ordinateur comme par un tour de magie.
« [L'Italie est ] un pays gouverné par le pire. L’Avant-garde même du Pire : abolition de tout discours, vulgarité diffuse des mœurs, corruption généralisée et systématique, ignorance érigée en règle, culte éhonté de l’argent, mépris affiché pour l’intelligence et les idées, moralisme rance. »