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Critique de dcs919


Vous ne connaissez pas encore Rohinton Mistry ? Commencez par L'équilibre du monde.

C'est un pavé, mais un pavé qui vaut le détour, si tant est que l'on s'intéresse à ou est curieux de la société et de la culture indienne.

L'essentiel de l'action se situe sur à peine une décennie dans les années 70-80, mais c'est au total l'histoire de trois générations qui nous est contée, avec force flash-back au début du livre.

Les personnages principaux sont Ishvar et Om, l'oncle et le neveu, deux hommes nés intouchables, tanneurs, et devenus tailleurs, contraints de partir à la ville pour tenter de gagner leur vie. Manek, jeune étudiant ingénieur originaire d'un petit village dans la montagne et venu à la ville pour ses études et Dina Dallal, jeune veuve ayant décidé de se battre pour subsister dans une société qui la condamnerait à vivre en deuil pour le restant de ses jours auprès de son frère.

Cette dernière monte une affaire de couture en embauchant Ishvar et Om et héberge Manek chez elle. À ces personnages centraux s'ajoutent un grand nombre de personnages périphériques qui accompagnent plus ou moins longtemps la lecture. Les familles des protagonistes. Les mendiants, très présents, et leur Maître qui les protège contre paiement. Les représentants de l'administration, caricatures de fonctionnaires bornés mais zélés. La patronne et le propriétaire de Dina Dalal. Un camarade d'étude de Manek.

Les histoires entrelacées de ces personnages se déroulent sur fond de troubles sociaux, inter-communautaires, inter-castes et politiques, d'état d'urgence, de campagnes "d'embellissement" (comprendre d'élimination des mendiants) et de stérilisations "volontaires", de mondialisation lorsque l'on comprend en filigranes que les tailleurs miséreux assemblent des habits pour les européens.

Le récit est rythmé par les imprévus, souvent tragiques, qui affectent les différents personnages principaux et périphériques confrontés à une vie qui ne leur épargne rien, jusqu'au bout.

Au fil de leurs aventures, le lecteur (re)découvre l'absurdité du système des castes qui conduit à traiter comme des sous-humains certaines catégories d'indiens qui peuvent donc être exploités, stérilisés voire tués sans conséquences.

L'ensemble est très marqué par l'hindouisme et la notion de karma. Au fond, chacun doit rester à sa place, remplir sa mission et ne pas chercher à échapper à son sort prédéterminé au risque de mettre en danger L'équilibre du monde si subtile...et injuste.

Un roman fleuve passionnant, touchant, très réaliste mais laissant peu de place à l'espoir. Non sans rappeler Émile Zola.
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