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Critique de Allantvers


Malgré quelques réticences initiales, je ne regrette pas de m'être rangée aux avis de Babéliautes enthousiastes en plongeant dans cet Equilibre du Monde qui m'a toute de suite happée.

J'ai dévoré les près de 900 pages de cette formidable fresque, très accessible grâce à un paradoxe qui na cessé de me surprendre tout au long du livre : le style et la structure narrative sont dans les purs canons occidentaux (R.Mistry est canadien) mais n'empêchent pas, bien au contraire, de ressentir de manière quasi sensuelle toutes les couleurs, la densité, les contradictions de l'Inde des années 70 : l'élégance dans le sordide contre la vulgarité dans l'aisance, la foule contre la solitude, la laideur contre la beauté, la pauvreté du village contre celle de la ville, le tryptique infernal démocratie - bureaucratie - corruption, la fleur chatoyante posée sur un étron.

A travers les pérégrinations d'Ishvar et Om son neveau entre lutte pour la survie et efforts d'ascension sociale hors de leur condition d'intouchables, c'est toute l'histoire de l'Inde post indépendance que traverse le roman, ponctué de scènes marquantes : le vote floué au village; l'enrolement forcé pour assister au meeting d'Indira Gandhi; la scène au tribunal, la brutalité de la politique de planning familial...
Mais aussi la procession pour la mort du mendiant, les repas partagés, le patchwork de Dina...

L'empathie pour les principaux personnages, Ishvar et Om mais aussi Dina la veuve luttant pour son indépendance et Maneck le jeune étudiant qu'elle accueille chez elle, fonctionne à plein.

C'est vivant, c'est riche, c'est palpitant, c'est émouvant et parfaitement rhytmé, et l'on ne sort pas tout à fait indemne de la lecture car autant le dire, ce qui leur arrive à tous en dernier lieu, malgré des moments de lumière, est parfaitement dégueulasse.

L'auteur fait dire à un moment à l'un de ses personnages que l'équilibre du monde est affaire de lutte pour la survie et se joue entre l'espoir et le désespoir: un équilibre plombé dans le roman par l'impossibilité à dépasser sa condition, mais aussi rétabli par la lumière qui le traverse.
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