AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de 5Arabella


Nariman, un vieil homme, ancien professeur, atteint de Parkinson, vit avec sa belle fille. Après un accident dans lequel il se casse la cheville, sa belle fille s'arrange pour le mettre dehors de chez lui et le déposer chez sa fille, sa demie soeur. Nous apprenons petit à petit l'histoire de la famille, mariage malheureux du Nariman arrangé par sa famille avec une veuve mère de deux enfants, en dépit des sentiments que Nariman éprouvai pour Lucy, qui n'était pas Parsie et qui ne constituait donc pas un parti acceptable. Nous suivons aussi les destinées des enfants, Coomy et Jal, les enfants de la femme de Nariman, et surtout de Roxana la fille bien-aimée douce et lumineuse. Elle semble avoir réussi son mariage avec Yezad, et former avec lui et leurs deux fils une famille unie et heureuse de vivre, malgré des difficultés matérielles. L'arrivée imprévue de Nariman dans leur petit logement va toutefois bouleverser l'équilibre de la famille. Et divers échecs et problèmes de Yezad vont provoquer des changements importants dans son caractère, et entraîner la vie de la famille vers une nouvelle direction.

Un très beau roman, avec des personnages très attachants et très bien rendus par Rohinton Mistry, très complexes, avec de nombreuses facettes, et toujours décrits avec beaucoup d'humanité et de compassion. En même temps, nous découvrons la société indienne, avec ses contradictions, difficultés. Mais les personnages restent humains avant tout, leurs doutes, questionnements, la façon dont ils résolvent ou croient résoudre les problèmes qu'ils rencontrent peuvent arriver dans n'importe quel pays. Comme ce vieil homme devenu impotent, pour lequel il faut bien trouver une solution. On est partagé en permanence entre l'espoir et la tristesse, on voudrait que les choses finissent par s'arranger et que chacun puisse trouver un équilibre et évite de se diriger vers ce qui est facile sur le moment mais qui est une mutilation et une fermeture à long terme : le repli identitaire à l'intérieur de sa communauté, ou supposée telle.

L'auteur observe et analyse ses personnages avec tendresse et compréhension, il suit leurs évolutions, sans les juger, mais son oeil est sans complaisance, il nous montre les noirceurs de l'âme, les tentations, les compromissions, la haine qui peut surgir à tout moment et étouffer toute raison, l'intolérance, la violence qui couve. Il arrive à rendre ses personnages d'une façon si frappante, qu'ils pourraient être n'importe lequel d'entre nous, et leurs dilemmes et leurs chutes pourraient être les nôtres.

Rohinton Mistry dépeint un monde dans lequel trouver sa place, garder ses valeurs et ne pas se laisser emporter par ses émotions et frustrations est un combat quotidien. Un combat souvent perdu. C'est très noir, mais en même temps l'écriture fait que nous avons le sentiment que tout n'est pas perdu, enfin peut être pas définitivement.
Commenter  J’apprécie          63



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}