-Je vais te dire une chose....Pour moi, l'argent, c'est le principal. T'auras beau dire : l'amour ! les sentiments ! mais sans argent, tu n'arriveras à rien. Les sentiments ,oui ! La santé ,bien sûr !mais avec ce qu'il faut dans le porte-monnaie ! Personne ne me fera démordre de ça !
- Si c'est comme ça , tu n'as qu'à me guérir de ma cleptomanie avec ton argent ! P.81
Constamment, Mitsuko entendait les clientes du salon ou ses voisins de la rue des Rêves rapporter les rumeurs qui couraient au sujet des deux frères. Toutes, sans exception, dressaient le portrait de deux êtres totalement dépourvus de pitié : toujours prêts à outrager les femmes, capables de meurtre dès le saut du lit, sachant tirer parti du point faible des gens pour s'accrocher à eux comme de la vermine, et j'en passe...
Quand on gagnait, dans la vie, est-ce qu'on ne faisait pas un perdant quelque part ?
- Dans leurs premières oeuvres, il y avait certaines choses dont on ne pouvait rien tirer, mais on y sentait en germe tout ce qui, une fois poli, devait les faire briller. Tout l'art de l'éditeur, c'est en quelque sorte de savoir comment dégrossir une fille de la campagne pour en faire une courtisane. A ce sujet-là, je connais pas mal d'auteurs qui me doivent une fière chandelle. Mais les hommes, et en particulier la race des romanciers et des poètes, sont ainsi faits que le moindre succès les pousse à s'éloigner de ceux qui les fréquentaient avant qu'"ils ne l'obtiennent. Sans être l'histoire du canari abandonné dans la montagne pour avoir oublié son chant, les romanciers ingrats, croyez-moi, sont voués à finir dans l'oubli.
Mais c’est dans la paume des mains que nos secrets sont le mieux gravés : c’est ce qui s’appelle de la chiromancie !
"Ce qui me manque le plus, c'est le bruit des vagues, dans mon pays."
Quand on voit la chambre de quelqu’un qui vit seul, on sait à peu près le genre de personne que c’est…
Il porta la main drotie à son cœur qu'il crut bien sentir palpiter à cent vingt battelements la minute. Pour retrouver son calme, il respira profondément et ferma les yeux, mais n'en fut que plus alerté par la rapidité de ses pulsations. Tirant de son enveloppe sa petite revue, il feuilleta pour y relire son poème :
Combien de cœur peut-il y avoir en moi ?
Deux, quatre, six, huit... neuf ou dix...
Non, comme ces deux là se ressemblent,
Quatre-vingt dix ou cent...
Et puis non, par moment, ils sont différents,
Peut être mille...
Et puis non ! Pour qu'il en naisse un,
Il faut quelque de... différent !
Ah ! avec ces cœurs sans nombre,
Je change plus vite que la lumière !
Bizarre quand même, qu'avec un cœur
Qui change à l'infini,
Nous vivons dans un monde que nous croyons fini ?
Les poèmes qu'il aimait, lui, c'était par exemple celui qui ouvre Le Rivière Chikuma de Tsumura Nobuo :
A la fin du voyage
A quelqu'un
Pouvoir dire
Il était vraiment long, ce pont... »
On ferme les yeux sur la douleur des autres, quand ils la cachent ! On fait comme si on n’avait rien vu !