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Critique de Sarindar


Je crois que ce livre du polémiste Pio Moa - je ne dirai pas que c'est un ouvrage d'historien, car il est plutôt à classer parmi les productions du "marxisme repenti", plus à cheval sur certains clichés et certains mensonges effrontés et éhontés, parce qu'il émane d'un converti forcément plus convaincu que tous les adeptes de la première heure, puisqu'il l'est à la vingt-cinquième heure - a au moins un mérite : celui de stimuler le travail de la recherche pour s'opposer aux visions nécessairement réductrices et négationistes de Pio Moa en personne ! Car, contrairement à ce que pensent les historiens "bien-pensants", il y a des outils dans ce livre pour ouvrir un vrai débat et pour réfuter toute tentative de réhabilitation du franquisme, comme tenta en son temps de le faire un B. Benassar. Il faut enfin en venir aux strictes réalités, qui sont des évidences : s'il est exact de dire que la gauche espagnole et républicaine fut loin d'être unie - ce qui fut l'une des causes de sa défaite -, s'il n'est pas faux non plus de dire que certains opposants à Franco commirent des actes abominables contre des compatriotes, il n'est pas moins nécessaire de dire que les franquistes, leurs soutiens et leurs alliés - intérieurs et extérieurs - furent responsables de la mort d'au moins 200.000 personnes, et que sur ce nombre beaucoup furent aussi éliminées après la guerre civile proprement dite. Ce nombre est incontestable et classe le franquisme comme un régime plus sanguinaire et plus criminel dans les frontières ibériques que le fascisme le fut à l'intérieur de la botte italienne et en Sicile (si l'on excepte les abominables comportements des partisans de Mussolini à l'étranger, dans leurs zones de conquêtes) . Maintenant, quant à définir la nature du franquisme, mis en rapport avec les totalitarismes hitlérien et mussolinien, je dirai qu'il fut plus une dictature qu'un simple régime autoritaire ou qu'un fascisme à proprement parler, et si le refus de l'Espagne franquiste de s'aligner derrière Hitler durant la Seconde Guerre mondiale lui valut une certaine et coupable mansuétude de la part des démocraties occidentales en 1945 et par la suite, de même que son antistalinisme en fit un interlocuteur acceptable aux yeux des Américains, cela n'enleva en rien la tache originelle de ce régime ni sa face toujours aussi sombre et hautement condamnable, malgré sa longévité, qui ne devrait autoriser aucune excuse, ni aucune justification, de quelque ordre qu'elle fût. Georges Bernanos, André Malraux et Jean Moulin l'avaient bien compris depuis le début : ce courant de pensée qui espérait remettre en selle une société d'ordre révolue et héritée du passé était une erreur de l'histoire, même s'il avait apparemment réussi à se hisser au pouvoir en Espagne et à s'y maintenir assez longtemps, puis à se faire absoudre de tous ses crimes.
Les historiens savent à quoi s'en tenir et Pio Moa ne pourra effacer cela, malgré toutes ses tentatives pour essayer de faire oublier -mais ce n'est pas possible - la tare première du franquisme

François Sarindar
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