Dans
Un pedigree,
Patrick Modiano évoque son enfance jusqu'à sa majorité - à l'époque vingt et un an - et surtout ses parents, deux êtres perdus ou plutôt englués dans leurs vies...Il relate une enfance décousue, avec une mère artiste démissionnaire de son rôle de mère et un père juif ayant vécu l'occupation, ayant pratiqué et amassé des fortunes dans le marché noir, des parents confiant leurs deux fils à des amis tantôt responsables tantôt peu recommandables, leurs fréquentations louches dans le milieu interlope, des relations avec des personnes peu louables - anciens collabos ou amis de la bande de l'avenue Lauriston, d'anciens détenus mêlés à l'affaire
Ben Barka. La mort de son frère quand il est encore enfant, semble être la faille qui va le faire décrocher d'une réelle possibilité d'attachement, le laisser en suspens dans sa propre vie. Balloté entre collèges, pensionnats et fugues, il arrive à happer de temps en temps la force et la confiance auprès de quelques rares personnes et a l'intelligence de construire avec ces quelques bribes de normalité, sa personnalité mais c'est
une jeunesse déroutante dans l'irresponsabilité de ses parents que je retiens avec cet incroyable talent de mémoires des noms des lieux et des évènements et cette déambulation mémorielle effrayante contée de manière très distanciée permet de comprendre peut-être la sensibilité et la quête de
Patrick Modiano sur le passé.
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