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Critique de DETHYREPatricia


Je ne sais plus pourquoi j'avais acheté ce livre, sans doute parce que sa quatrième de couverture évoquait le parcours d'une femme, juive allemande devenue catholique, morte en déportation et sanctifiée par l'Eglise, et parce que je m'intéresse à la fois aux récits de vies et aux conséquences de la Shoah.
Je ne connaissais pas non plus l'oeuvre littéraire de Yann Moix, hormis peut-être sa fonction de polémiste et de chroniqueur sur différentes chaînes TV.
Ce fut donc une découverte à double titre.

Découverte d'une femme hors du commun (1891-1942), juive devenue athée, puis catholique baptisée devenue carmélite et vivant sa foi comme l'expression logique et pratique d'une conscience juive ayant évolué vers une mystique christique. Pour ma part, je suis athée, et j'ai eu un peu de mal à suivre le propos de l'auteur sur ces différentes questions religieuses (mais, il faut dire que son écriture est loin d'être claire)...

Hors du commun aussi, car elle sera très tôt en butte contre les diktats de sa famille, de sa religion, de son époque, de sa condition de femme dans une société patriarcale peu encline à la voir devenir philosophe, théoricienne de la religion, féministe radicale engagée politiquement pour faire en sorte que la femme ait une vraie place, à part égale.

Yann Moix propose donc un balayage (et non une réelle biographie comme peut le laisser penser la 4e de couverture) de cette vie qui fut courte (elle meurt en déportation en 1942), en assortissant son propos de nombreuses citations de l'intéressée (d'autres citations sont également présentes - de lui ou d'elle, on ne sait pas trop ? - mais on ne comprend pas bien leur raison d'être) et de considérations ou interprétations personnelles sujettes à caution.

En effet, dès que j'ai refermé ce livre, je suis allée sur Wikipédia, et j'ai eu le sentiment d'en apprendre beaucoup plus et de façon tellement plus documentée sur Edith Stein que dans ces quelques pages (194) dont presque la moitié ne la concernent que de très loin.

En fait, j'ai eu le sentiment que le véritable sujet de ce livre était surtout Yann Moix qui tend à se valoriser, en tant qu'écrivain, pseudo philosophe, et adorateur de la sainte, en évoquant un sujet sérieux et compliqué à comprendre.

Très vite, j'ai failli lâcher ce livre tant le choix stylistique de l'écriture m'était insupportable. Pourquoi ce choix des ":" intempestifs et à tout bout de champ, sinon pour montrer une pseudo virtuosité dans l'écrit ? Pourquoi ces répétitions à tout bout de champ d'une même idée, dans des jeux de mots, de sonorités, dans des inversions de membres de phrases ? Très vite, on perd le fil et tous ces jeux stylistiques (douteux) desservent l'objet de son étude, à savoir Edith Stein.

Et que penser des derniers chapitres ? On a vraiment le sentiment que, là, Yann Moix a fumé la moquette. Il se perd (et perd donc aussi son lecteur) dans des considérations alambiquées tendant à faire du lien entre Israël, espace-temps et espace-géographique, entre le passé et l'avenir...

Quant à savoir pourquoi et comment elle a été sanctifiée par l'Eglise et est devenue sainte Thérèse Bénédicte de la Croix au ciel, ce n'est pas bien clair. Il m'a fallu lire Wikipédia pour le comprendre.

Que dire donc ?
Je ne regrette pas de l'avoir lu, car j'ai découvert l'existence d'une femme (que je ne connaissais pas) connue, érudite, qui a marqué son temps, et très rapidement, de son parcours. Cela m'a donné envie de connaître ses propres écrits, si tant est qu'ils me soient accessibles intellectuellement.
Je regrette toutefois d'avoir fait confiance aux Editions Grasset et à Yann Moix pour avoir accès à ces connaissances. Son écrit qui se veut un hommage n'est rien de moins qu'une manifestation de son propre ego, de sa propre arrogance (voyez ce que je suis capable d'écrire et que vous n'êtes pas capable de comprendre... et pour cause, tant son propos n'est pas concis et clair).

Néanmoins, si vous vous intéressez à la religion et à la théologie, à la philosophie et à la phénoménologie, à la condition de la femme et à ses revendications, ce livre peut constituer une première ouverture sur les thèses développées par Edith Stein. Mais, ma suggestion serait que vous alliez directement puiser à la source, plutôt que dans ce livre, particulièrement rébarbatif à lire et confus dans sa forme.


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