Je t'ai souri. En souriant à mon sourire, tu m'ouvrais la porte d'un lieu inconnu de tous les autres, où j'étais seul à pouvoir pénétrer. Je me jurai dès lors de devenir doux. Tu m'offrais l'occasion d'être autre chose que moi même. Tu me donnais cette chance de me recommencer de zéro, de renverser le jeu en ne gardant que quelques pions.
Tout est toujours compliqué, alambiqué, dans les sentiments. Tout le monde voudrait dire "je t'aime", être heureux. Etre heureux définitivement, sans altération, sans ramification; sans amplification mais sans dégénérescence: on en appelle à du fixe, à de l'immobile, à de l’immarcescible. Non il y a toujours une tumeur qui sourd, un orage qui fait ses gammes quelque part, une horreur qui tonne. On ne peut s'acheter, une fois pour toutes, cette tranquilité qui apaise, ronronne pourrait mourir avec nous, doucement.
La promesse d'être avec quelqu'un m'a toujours rendu plus heureux que son effective présence.
Ce n'est pas le malheur qui nous ronge, mais le bonheur, qui ne cesse pas de ne jamais arriver. On a peur que le bonheur s'achève alors qu'il n'a pas commencé.
"Ce ne sont pas les pays qui dépaysent, mais les événements."
Quant aux larmes, ces poèmes du corps, elles finiront dans ces zones intéressantes de la mémoire qu'on appelle l'oubli.
La haine qu'on éprouve pour quelqu'un qu'on hait n'est rien à côté de la haine qu'on ressent pour quelqu'un qu'on aime
On construit sa vie pour une personne et quand enfin on peut l'y recevoir, cette personne ne vient pas, puis meurt pour nous et on vit prisonnier, dans ce qui n'était destiné qu'à elle.
Depuis je suis la tristesse et la grisaille entière. Dans chacune de mes mains, un oursin.
Ta frimousse, non seulement n'est pas faite pour durer mais reste une invention des dieux pour attraper dans son filet ceux qui, comme moi, s'agenouillent pitoyablement devant la beauté des femmes, se laissent impressionner, souiller, mener, influencer, juger par elle, et n'ayant de cesse de posséder enfin ce qui les domine et d'administrer ce qui les humilie, finissent par maladivement se l'acquérir aux fins de parader avec elle, cette beauté, l'exhibant comme leur dernière création. Posséder une femme magnifique, c'est vouloir posséder ce qu'elle possède et que nous ne possédons pas.