Le vol, c’est un métier comme un autre. Franck Schmidt en vivait depuis qu’il était enfant.
On pouvait s’attendre à peu près à tout et, au fond, c’était ce qu’il adorait dans ce boulot. Une sorte d’embuscade permanente, un empirisme perpétuel qui l’obligeait à rester sur ses gardes. Tout ça pour le flag, quelques secondes d’adrénaline qui, comme tous ses collègues, le tenaient en haleine à chaque fois. Derrière le bon droit et la morale, il y avait surtout la chasse et l’excitation à l’approche de l’épilogue. Certains se mentaient, forcément ; Philippe, lui, savait depuis longtemps ce qu’il était : un chasseur, et cela n’avait de sens qu’avec la curée qui lui revenait de plein droit. Une juste récompense de leurs efforts et c’était cette promesse qui animait la meute.
Pour peu que l’on s’y attarde, certaines femmes sont comme des tableaux vivants.
Un flic dans la cité, même dans ces circonstances, restait un corps étranger.
Il aimait cet état presque second, celui où se mêlaient la peur et l’envie de tout faire voler devant soi, cette sensation de pouvoir tout écraser.
Le vol, c’est un métier comme un autre. Franck Schmidt en vivait depuis qu’il était enfant. Depuis que son père lui avait expliqué qu’en dehors des siens prendre ce qu’il désirait n’était pas du vol mais un mode de vie. Celui de gens qui avaient refusé le choix facile d’un appartement de banlieue et d’un petit boulot. Celui de ses oncles, ses cousins. De presque toutes les personnes qui l’avaient vu grandir. Ce métier, il l’abordait avec la rigueur et le sérieux d’un professionnel, exigeant et attentionné envers ses partenaires, habile et prudent sur le terrain, joueur et taiseux avec les flics. Il avait vite compris que, pour durer, le secret était de se gaver sans être trop regardant, ramasser tout ce qui était possible sans devenir trop gourmand. L’intérêt majeur de cette vie était la liberté. Ce qu’il devait préserver avant tout. La liberté, et le frisson qui le parcourait à chaque fois.