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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
C'est un roman bien étrange que ce "Naufragés". le suspense est bien au rendez-vous dans cette enquête menée par une journaliste à la demande de la mère d'un soldat mort durant la guerre des Malouines. Mais la mort n'a pas les traits qu'on lui prête. Elle présente le visage mutique de la solitude et de l'abandon. La solitude de deux mères à la maternité contrariée, refoulée ou brutalement abrégée, dans une Argentine gangrénée par la corruption et la violence et qui a négligé une partie de son passé.


Le début n'est cependant pas évident, voire même assez chaotique : ça commence comme une lente mélopée, un long lamento d'une journaliste froide et distante dont la voix intime envahit le récit. Ses réticences à s'engager dans une enquête éloignée des pourris qu'elle poursuit, le sentiment de culpabilité que renvoie Dona Aña en voulant retrouver un petit-fils qui fait figure de fantôme tout le long du récit, la découverte des plaies jamais refermées laissées par la guerre contre les anglais…tout résonne comme une rengaine éternellement triste susceptible de décourager le lecteur au bout de quelques pages. D'autant plus que la lecture de ce roman nécessite un temps d'adaptation. L'auteur bouscule la ligne de narration, multiplie les mouvements de flux et de reflux dans les dialogues de sorte que le plaisir n'est pas immédiat. On tâtonne.


Puis, peu à peu l'opiniâtreté de ces deux femmes séduit car elle permet à chacune d'elles de soigner le souvenir et les blessures silencieuses de l'autre. Leur combat avec ses petites victoires et les moments de lassitude devient addictif. La détermination de ces femmes anime l'intrigue, riche de rencontres bénéfiques et de rendez-vous manqués. Jusqu'au bout on doute, on espère, on redoute car comme le décrit si bien Claudia Piñeiro sur la quatrième de couverture le suspense "n'est pas celui d'un thriller mais celui des émotions".
La plume n'y est certainement pas étrangère. Avec une écriture étonnamment féminine, Fernando Monacelli donne à cette fiction des lueurs profondes et mélancoliques, denses et fragiles, simples et puissantes, à l'image de ses héroïnes. Une fois abandonnés les effets de style redondants, c'est un récit habité par une intensité émotionnelle poignante, elle est si convaincante qu'elle parvient même à faire accepter la construction tortueuse de ce roman.
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