Le Gang du CDI, tome 1 : Le collège de l'angoisse

Ce livre est un livre de littérature jeunesse - oui, je sais, c'est une évidence - et mon avis est assez mitigé à son sujet, parce que je suis professeure. Je préfère donc évacuer tout de suite ce qui ne m'a pas plu. La professeure documentaliste part en congé, c'est du moins ainsi que le personnel du collège justifie sa disparition. Or, un membre de l'éducation nationale ne peut pas partir en vacances pendant les cours. A la rigueur, il peut prendre un congé de formation, mais celui-ci coïncide avec le début de l'année scolaire. Moralité : l'éducation nationale subit déjà bien des clichés, ce n'est pas la peine d'ajouter des congés au congé. Pensons au bon vieil arrêt maladie, après tout, les collégiens ne sont pas censés connaître le motif de celui-ci. Après tout, le CDI est dans un tel état qu'elle a très bien pu tomber en dépression, eu égard à la quantité de rangement qu'elle doit faire pour que son CDI ressemble enfin à quelque chose (et faites-moi confiance, des CDI dans un tel état, il en existe, j'en ai rencontré). Mais pourquoi s'en ferait-elle ? On ne se bouscule pas vraiment à la porte de son CDI, et seules quatre personnes y viennent assidument : Grégory, qui a redoublé sa sixième (alors que le redoublement est proscris depuis dix ans), Samuel, Nadia, et Flora, qui souffre de phobie scolaire. Autant je suis ravie de voir ce thème enfin traité, autant j'apprécie la manière dont Flora apprivoise peu à peu le mal dont elle est atteinte, autant je constate que la manière dont les adultes voient ce trouble ne varient guère. En effet, mis à part la dame du CDI, personne ne se préoccupe des tourments qu'elle endure, ses parents sont distants, ses professeurs indifférents, pour ne pas dire sarcastiques, bref, j'ai eu l'impression, à nouveau, de voir aligner les plus beaux clichés sur l'éducation nationale et la parentalité.
Et l'intrigue ? Elle démarre fort tard dans ce court roman mais c'est pour une bonne raison : il fallait prendre le temps de poser le cadre, de nouer les liens entre les personnages, de manière il est vrai assez naturelle. Flora ne devient pas "subitement" la meilleure amie de Grégory, d'ailleurs, elle se questionne s'ils sont véritablement amis, lui qui, comme tout ado, craint aussi le regard des autres, craint de ne plus être apprécié par sa bande, lui qui se retrouve le seul "grand" au milieu des sixièmes. C'est elle qui, après avoir enfin trouvé un havre de paix au CDI, sera à l'origine des recherches pour retrouver la documentaliste, elle qui découvrira ce que cache le collège - du moins, elle le découvrira en partie.
J'espère que le tome 2, qui paraît en même temps, se concentrera davantage sur le côté fantastique de l'oeuvre.

Flore Petit est entrée en sixième au collège Serge Brussolo et la rentrée scolaire est difficile car elle souffre de crises d'angoisse. Un jour, elle doit de nouveau sortir de classe, aidée par son camarade de classe, le populaire Grégory Lacour, mais au lieu d'aller à l'infirmerie, fermée le mardi, ils se retrouvent au CDI et ils y rencontrent la nouvelle documentaliste, Elodie Denis. Celle-ci leur présente Samuel, un garçon détendu qui rêve de devenir rappeur et Nadia, une fille ronde, gothique et quelque peu torturée. Les quatre compères décident de créer le gang du CDI mais bientôt, la documentaliste disparaît et un trou est apparu dans le mur du CDI livrant un passage secret dans les profondeurs du collège…

“Né en 1984, Vincent Mondiot vit en région parisienne. Adolescent, il découvre le punk-rock, dans lequel il se plonge avec une grande passion. C'est elle qui le mène, au début des années 2000, à s'investir dans le fanzinat, façon d'assouvir une autre passion : l'écriture. Une passion peut-être pas étrangère au fait qu'il travaille actuellement comme professeur de français langue étrangère” (source : éditions Sarbacane) le jour et réceptionniste la nuit, notamment pour enrichir sa collection de disques de punk-rock. En 2005, il est lauréat du prix du Jeune écrivain français, grâce à une nouvelle publiée par le Mercure de France. Il a publié huit titres, Teliam Vore en 2011, Tifenn 1-punk 0 en 2013, Nightwork - mention du jury du prix Vendredi 2018 - en 2017, Les mondes-miroirs en 2018, Rattrapage en 2019, L'ombre des arches en 2019, Les derniers des branleurs en 2020 qui lui apporte la consécration de son travail d'écriture avec le prix Vendredi 2020. En 2022, il publie le remarqué Emergence 7 chez Actes sud jeunesse. Il tient un blog Survivre la nuit.

Vincent Mondiot explore le roman horrifique avec les mésaventures bien rythmées de quatre collégiens dans les sous-sols de leur collège, collège qui semble conserver les différentes strates de l'histoire de l'établissement dans les profondeurs de la terre. Cette nouvelle série paraît en plein renouveau de l'horreur dans le roman pour la jeunesse et fait écho à la veine des Robert Lawrence Stine avec les Chair de Poule popularisées par Natacha Derevitsky chez Bayard à la fin des années 1990. Cependant, Vincent Mondiot y ajoute la délicatesse de sa plume, son choix précis des mots et la multiplicité de ses références littéraires. Vincent Mondiot s'adresse ici aux adolescents et nous retrouvons avec plaisir son sens des dialogues, n'hésitant pas à jouer des registres de langue et utiliser des mots courants et vulgaires. Malheureusement, nous regrettons vivement le choix de couverture qui cible les enfants dans la veine des Chait de poule alors que le contenu s'adresse, notamment en raison de la langue des héros, clairement aux adolescents.

Petit roman fantastique, court, simple et efficace, pour jeunes lecteurs, entre 9 et 12 ans. Ecriture très simple et fluide ; cependant l'intrigue n'est peut-être pas assez développée à mon goût. Mais le suspense est bien présent, surtout avec le tout dernier chapitre, très énigmatique. Qui sont ces monstres trouvés par le gang du cdi ? Des humains transformés ? Quelle est cette histoire de sacrifice?
Un petit roman qui devrait plaire aux jeunes ou faibles lecteurs.