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Critique de Nemorino


Ce livre est un catalogue du Musée de l'Annonciade.
Je fais le parallèle de la chapelle de l'Annonciade de Saint-Tropez, qui un beau jour devient un magnifique musée de peinture, avec une ancienne chapelle de Senlis qui, après avoir été un sombre garage, devient la Fondation Cziffra accueillant des musiciens du monde entier !
Depuis l'arrivée de Paul Signac à bord de son bateau à Saint-Tropez (pour s'y installer pendant environ vingt ans) le village s'inscrit dans l'avant-garde des recherches picturales durant les dernières années du XIX siècle et les premières du XX siècle. le musée présente une vision des trois grands mouvements de l'histoire de l'art : divisionnisme, nabisme et fauvisme.
Lorsque j'ouvre ce livre mon regard s'arrête longuement sur La Gitane ou La Curieuse(1910-1911), placée sur frontispice, de Kees (Cornelius) van Dongen. J'adore ce tableau !!!
Ce livre ravissant et très complet parle d'abord de Saint-Tropez comme lieu de création picturale : non seulement un lieu idéal pour un voyage de noces, mais une ville de rêve, figée dans les toiles, comme si le monde arrêtait sa course folle ! Ce chapitre évoque des oeuvres de Charles Camoin, Auguste Pégurier, Albert Marquet, André Dunoyer de Segonzac, Charles-Henri Parson, Henri Lebasque, Pierre Bonnard, Marko Belgrade, Alexandre Urbain.
Le chapitre suivant est dédié au néo-impressionnisme (ou pointillisme) avec Georges Seurat (1859-1891) comme le chef de file du mouvement. Son Chenal de Gravelines (étude) se soumet à une démarche scientifique reposant sur des recherches optiques, à une géométrisation et au rationnel, tout en étant un délice pour l'oeil. Ce chapitre analyse plusieurs oeuvres de Paul Signac, d'Henri-Edmond Cross qui « se convertit » au néo-impressionnisme sous l'influence de Signac, et des élèves de Paul Signac comme Jeanne Selmersheim-Desgrange. On voit des reproductions d'oeuvres de Maximilien Luce, Théodore van Rysselberghe, Francis Pacabia.
« J'aime beaucoup mieux aller dans la nature comme à une bibliothèque, y prendre ce dont j'ai besoin et y laisser soigneusement le tas de choses inutiles et nuisibles », écrit dans une lettre Paul Signac qui effectue l'exécution finale de ses tableaux dans son atelier. Sa toile « Coucher de soleil au bois de pins » contient des coups de brosse de forme carrée ou rectangulaire qui créent le mouvement rythmique et permet à chaque espace une direction qui lui est propre. Il peint beaucoup la mer qu'il aime énormément pour posséder pas moins de 28 bateaux au cours de sa vie ! Il recrée l'éden tropézien aussi à l'aquarelle : « La peinture à l'huile et une lutte sévère, l'aquarelle n'est qu'un jeu folâtre. » Cette citation parlera à tous ceux qui, comme moi, aiment savourer , en débutant, le côté aléatoire de l'aquarelle ! Son élève Lucie Cousturier (1876-1925) remarque : « Il écrit. Il écrit légèrement, délicatement… des poèmes sur la splendeur de l'eau. »
Un chapitre spécial est sur les nabis (Pierre Bonnard, Edouard Vuillard, Félix Vallotton, Kerr-Xavier Roussel, Maurice Denis...) « Les nabis, appelés ainsi par le poète Cazalis, signifient prophètes en hébreux. Sans s'attacher tout à fait au sens profond du terme, de jeunes artistes prirent ce nom pour affirmer leur désir de donner une impulsion nouvelle à la peinture. » Certains « appliquèrent un procédé dit « cloisonné », où la couleur employée à l'état pur était limitée par un cerne, un peu à la manière des plombs des vitraux. Les estampes japonaises influencèrent également les nabis qui s'inspirèrent de la ligne précise et sinueuse tracée par les artistes nippons. Les nabis représentent dans l'histoire de l'art un groupe d'individualités, plutôt qu'un véritable programme esthétique commun. » (page 49)
Ensuite vient un chapitre sur le fauvisme : au Salon d'automne de 1905, « un pot de peinture a été jeté à la face du public » ! La Gitane d'Henri Matisse, des oeuvres de Louis Valtat, de Charles Camoin, d'Henri Manguin, d'Albert Marquet, de Maurice de Vlaminck, d'André Derain, Georges Braque, Othon Friesz, Raoul Dufy sont rapidement examinées avant d'arriver à ma Gitane préférée et Femmes à la balustrade (1910-1911) de Kees van Dongen. Les tableaux de Gustave Jaulmes, Alfred Lombard sont également exposés. Pour vous dire que le Musée de l'Annonciade a le bonheur de nous montrer un ensemble de chefs-d'oeuvre d'artistes fauves daté de 1905-1907, la période la plus féconde de ce mouvement !
Jean-Paul Monery parle aussi de la période après le fauvisme, des oeuvres en marge du cubisme tout en sachant que le cubisme est fort peu introduit dans les collections du musée : le Rameur de Roger de la Fresnaye , Femme à l'ombrelle de Robert Delaunay , plusieurs oeuvres de Marcel Gromaire… À la fin, un chapitre est consacré aux Indépendants, on y voit des sculptures de Maillol…
Ce livre m'a bien fait réviser ma visite de ce musée qui était marquée de l'étourdissement de mes infatigables randonnées sur la côte des Maures !
Une critique sans Picasso pour cette fois-ci ! Je n'en crois pas mes yeux !
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