Si son plan était de faire croire à un suicide, c’est foutu. Un double suicide par pendaison, c’est aussi crédible qu’un Amish au Hellfest. (p. 240)
Quand, de retour dans sa voiture, elle avait réajusté son rétroviseur intérieur, elle avait eu un choc. Des cernes bleu foncé, comme creusés au burin, les cheveux secs et pleins d'épis et tant de vaisseaux éclatés dans les yeux qu'on aurait cru des aperçus de cartes routières.
Mais si l'on ne peut pas pardonner, ça ne vaut pas la peine de vaincre, disait Victor Hugo.
Il était temps. Temps de pardonner... A lui-même.
Les monstres n'existent pas. C'était sa seule certitude en ce monde.
Il n'y a que des hommes, des femmes.
Et toutes les passions qui les consument.
Elle n'eut pour lui pas un regard, pas un mot, sans même parler d'un sourire. L'humanité bien planquée derrière une gueule dont l'équivalent en termes d'accueil se situait entre le fil de fer barbelé et l'ortie.
- Si on m'avait dit, quand je t'ai emmené courir la première fois, que ça se finirait comme ça, je me serais un peu tâtée.
- Que ça se finirait comment? demanda Caranne en plantant ses dents dans la tartine.
- Par un type de quarante-sept piges en pyjama violet qui se nourrit comme une influenceuse végane.
Parce que, soyons sérieux, y a aucun rasta blanc qui ressemble pas plus ou moins à un balai à franges.
Les monstres n'existent pas. C'était sa seule certitude en ce monde. IIn'y a que des hommes, des femmes. Et toutes les passions qui les consument.
Un double suicide par pendaison, c'est aussi crédible qu'un Amish au Hellfest.
Une femme était en train d'entrer dans l'établissement, une Blanche à dreadlocks blondes, le cul moulé dans une mini-jupe en faux cuir. La porte se referma derrière elle, ravalant une paire de rire gras. Pas vraiment le style de nana de Marcus. Les dreads chez les babtous, il avait toujours trouvé ça malaisant. Pas à cause de ces histoires d'appropriation culturelle, ça il s'en battait la mandoline. C'était juste un truc qu'il avait pas envie d'avoir sous les yeux, sinon il venait systématiquement à chercher quelle succession d'événements foireux avait pu mener à ce choix délirant. Parce que, soyons sérieux, y a aucun rasta blanc qui ressemble pas plus ou moins à un balai à franges.
Il n'était pas rare qu'un gardien mal luné le fasse poireauter, juste pour se rappeler à lui-même qu'ici, malgré les conditions de travail à chier, la violence et la sinistrose ambiante, il était du bon côté du pouvoir. Certains hommes ont besoin de croire que s'ils baignent dans la même merde que tout le monde, toujours en avalent-ils un peu moins que les autres.