Jadis les Hongres, combattants très belliqueux, ne poursuivaient pas leur assaut après avoir rendu l'ennemi à leur merci. Leur ayant arraché l'aveu de la défaite, ils les laissaient aller sans offense, sans rançon sauf, au plus, celle d'en tirer parole de ne plus s'armer dorénavant contre eux. (p. 33-34)
Je pense qu'il y a plus de barbarie à manger un homme vivant qu'à le manger mort, à déchirer par tourments et par géhennes un corps encore plein de sentiment, à le faire rôtir par le menu, à le faire mordre et meurtrir par les chiens et les pourceaux (comme nous l'avons non seulement lu, mais vu de fraîche mémoire*, non chez des ennemis anciens mais chez des voisins et des concitoyens, qui pis est, sous prétexte de piété et de religion) qu'à le rôtir et à le manger après qu'il a trépassé. (p. 30)
* allusions aux horreurs pratiquées pendant les guerres de religion (note de l'éditeur)
Les hommes y ont plusieurs femmes, et en ont un nombre d'autant plus grand qu'ils ont une meilleure réputation de vaillance. C'est une beauté remarquable dans leurs mariages, que la même jalousie que nos femmes ont pour nous priver de l'amitié et de la bienveillance d'autres femmes, les leurs ont un zèle tout pareil pour leur en acquérir. Étant plus soigneuses de l'honneur de leur maris que de toute autre chose, elles cherchent - et mettent leur sollicitude - à avoir le plus de compagnes qu'elles peuvent (...)
(p. 38)
Mais pour avoir l'avantage sur nous d'avoir vu toute la Palestine, ils veulent jouir de ce privilège de nous conter des nouvelles de tout le reste du monde. Je voudrais que chacun écrivît ce qu'il sait, et autant qu'il en sait, non en cela seulement, mais sur tous les autres sujets, car tel peut avoir quelque science ou expérience particulière de la nature d'une rivière ou d'une fontaine, qui ne sait sur le reste que ce que chacun sait. Il entreprendra toutefois, pour faire courir ce petit lopin, d'écrire toute la physique. De ce vice sourdent plusieurs grandes incommodités.