Citations sur Après toi, le chaos (33)
C’est ton premier jour, profite de cette énergie, certes un peu ramollie par l’insomnie et l’allergie, et altérée par le café. Mais, si tu recherches bien en toi, ta joie de rencontrer les élèves et les collègues est intacte. Comme quand tu étais petite et que tu attendais en secret la rentrée des classes. Cette odeur de livres neufs était aussi merveilleuse que celle d’une baguette tout juste sortie du four. Les senteurs enivrantes n’ont pas leur pareil.
J’ai lu quelque part que les plus grandes causes de stress, par ordre décroissant, sont : la mort d’un être cher, une rupture amoureuse et un déménagement.
« Remplaçante jamais découragée ». J’adore mon travail, même si je ne peux pas rester aussi longtemps que je le voudrais avec les mêmes élèves. Ma vocation n’était pas précoce, bien au contraire : je ne m’étais jamais imaginée professeur. Mais, quand j’ai essayé, ça m’a rendue accro. Avec le temps, il m’arrivera peut-être comme à beaucoup de profs de me sentir lasse, de voir les années passer et moi vieillir alors qu’en face ils ont toujours le même âge, la même dynamique, et moi non. Mais pour l’heure cette perspective me semble difficile à croire.
Quand ils décèlent une faiblesse, ils foncent. Ils sont comme des piranhas attirés pas le sang.
On pouvait vivre avec les absences. Avec la mort d'un être aimé et avec la fin d'un mariage. Parce que ce n'est pas la fin du monde. Et, souvent, la peur de l'absence est plus terrible et paralysante que l'absence elle-même. Je commençais une nouvelle vie. Et le mieux de tout, c'est que, même si j'étais morte de peur, j'étais aussi pleine d'envie.
Comment Iago n'aurait-il pas été ému par cette histoire ? C'était la sienne. Parce que toutes les horreurs possibles ont déjà été commises. Surtout dans ces temps difficiles, ceux d'avant, ceux de maintenant. Les temps difficiles sont un terrain fertile pour faire germer tout acte misérable.
C'est un travail de titan, jamais rien ne m'avait demandé autant d'efforts que cette demi-heure où je dois m'obliger à réagencer le monde. Un monde où elle n'est plus là. Certains jours, j'échoue, je n'arrive pas à l'accepter, rien n'a de sens et rien n'en vaut la peine. J'erre dans l'appartement, dans le lycée, dans la ville, dans la vie.
Les disputes, ça a détruit notre couple. Tu sais, quand tu montres ton pire visage et que tu vois aussi le pire visage de l'autre et qu'il n'y a plus de retour possible ? Tu ne peux pas redevenir ce que tu étais, parce que tu as déjà montré le monstre qui t'habite, et tu as vu celui qui vit en l'autre. Et personne ne veut vivre avec un monstre.
Et je maudis cette époque où nous avons décidé d'étaler notre intimité sur la toile. Nous en avons assez de nous faire rabâcher que le concept de vie privée s'est transformé avec les nouvelles technologies, ou qu'il s'est volatilisé, mais avant de le vivre soi-même on n'a pas conscience de tout ce que ça implique. Nous sommes coupables de partager chaque minute, chaque instant sur le Net. Et coupables aussi de ne pas protéger de manière plus sûre notre intimité dans notre ordinateur.
Ce couple dont je me demande depuis un moment s'il en vaut la peine. Je vis dans le doute constant, me demandant si on est trop lâches pour rompre ou courageux de continuer d'essayer.