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Critique de Denis_76


Comme si j'n'existais pas
Elle est passée à côté de moi
Sans un regard, reine de Saba
J'ai dit Aïcha, prends, tout est pour toi

ça se termine dramatiquement, dans le sang, au sérail d'Usbek, qui est à Paris. Loin des yeux, loin du coeur ?
Les lettres persanes est/sont un roman philosophico-politique épistolaire. Usbek abandonne son sérail d'Ispahan à son grand eunnuque noir, et part plusieurs années pour Paris avec son ami Rica.
Ce qui les frappe d'entrée, ce sont les Parisiennes, libres, pas voilées, qui vont où elles veulent, qui disent ce qu'elles veulent.
Après, selon les lettres et la sensibilité des deux amis, ceux-ci ( le baron de Montesquieu) abordent divers sujets, religieux, politiques et sociaux.
Louis XIV, les jésuites et Dieu ( convention humaine) en prennent pour leur grade ; la justice et les lois aussi, mais surtout l'étroitesse d'esprit des magistrats et de ceux qui font les lois. Depuis Les lettres persanes ( 1721), on voit pointer le traité politico-philosophique " de l'Esprit des lois"(1748).
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La forme épistolaire permet à Montesquieu une critique déguisée sous forme de deux étrangers qui s'envoient des lettres, entre eux mais aussi en Perse, de critiquer indirectement le système français.
Par exemple, quand Montesquieu croit percevoir un abaissement de la démographie. Il explique cela d'une façon intéressante.
Pour l'auteur, le système romain ( mariages-divorces) était meilleur ; ici, une femme qui n'aime pas son mari ne peut divorcer ; d'autre part, il y a trop d'ecclésiastiques ( qui ne font pas d'enfants) ; quand au système musulman des harems, le nombre d'eunnuques empêche, selon lui, l'augmentation des naissances.
Après une descente aux enfers de l'incompétence des médecins, l'auteur trouve une solution aux problèmes d'insomnies : des décoctions à base de tisanes de feuilles philosophiques saoûlantes, de harangues ou de sermons !
Il fait une belle analyse de chacun des pays d'Europe, relevant d'une phrase les points forts et faibles de chacun !

Puis le lecteur "souffle", se distrait quand Zalema imagine un sérail inversé où une femme aurait plein d'hommes !
Enfin, John Law passe au tribunal montesquien : c'est un infâme ministre ( oui, j'ai vérifié, cet Ecossais a été ministre français), qui donne le mauvais exemple avec ses billets, bouleverse l'ordre établi sous la régence, et l'on s'aperçoit que des débiteurs tuent alors leurs créanciers ( vrai/faux?)
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J'ai été lent à le lire, ce livre est soporifique pour moi, comme les sermons de la décoction montesquieuse ; en plus je n'aime pas les romans épistolaires, car même si je rentre dans le coeur des personnages, je suis perdu car j'aime suivre un fil rouge. Là, on passe du coq à l'âne. Chez mon Friedrich aussi, mais lui, je l'aime, c'est différent, j'ai une profonde amitié pour mon moustachu souffrant de l'humain trop humain, tout comme pour mon Stefan en crise ( L'homme cardinal est, lui aussi, une révolte)
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ici, Charles Louis de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu, par les yeux perçants de nos deux Persans, semble faire un froid bilan de la France de Louis XIV, qui abaisse les nobles, et de Philippe II, duc d'Orléans, qui se fait piéger par un financier étranger.
Cependant, c'est brillant ! le style est clair, malgré de rares passages obscurs, et comme mon Friedrich, Charles Louis ( n'est ce pas ; tu-vas-bien ?) Charles Louis donc, sait faire de petites phrases qui illuminent ce roman épisolaire :)
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