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Citations sur Joie militante (18)

5. « Quand les paysan.ne.s étaient "libéré.e.s" durant cette période, cela voulait dire qu'ils et elles avaient été expulsé.e.s de leurs terres et coupé.e.s de leurs moyens de subsistance, ainsi rendu.e.s "libres" de vendre leur force de travail dans des usines ou de mourir de faim. Il ne s'agit pas d'une coïncidence si ces conceptions individualisantes de la liberté sont apparues au même moment en Europe que la chasse aux sorcières, la privatisation de la terre (élimination des communs), l'émergence du commerce transatlantique d'esclaves, et la colonisation et le génocide des Amériques. Au moment où le sens de la liberté était arraché de l'amitié et du lien, les connexions vécues entre les peuples et les lieux étaient démembrées. » (p. 91)
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4. « Mais quand le bonheur devient une chose à laquelle on doit s'accrocher à tout prix ou que l'on doit poursuivre parce qu'il donne son sens à la vie, il tend à perdre son potentiel de transformation. Et si nous ne sommes pas heureux.ses – si nous sommes déprimé.e.s, anxieux.ses, sous addiction, ou "fous/folles" – nous sommes chargé.e.s de nous soigner, ou du moins de gérer nos symptômes. Sous l'Empire, l'isolant du bonheur est un anesthésiant.
[…]
À l'inverse du bonheur, donner de la puissance à la joie consiste à s'éloigner des habitudes, réactions et émotions auxquelles nous sommes conditionné.e.s. Bouillonnante dans les brèches de l'Empire, la joie réinvente les gens à travers les luttes contre les formes d'assujettissement. La joie est un processus désubjectivant, une façon de défaire les règles, une intensification de la vie elle-même. C'est un processus qui consiste à prendre vie et à prendre le large. Alors que le bonheur est utilisé comme un anesthésiant abrutissant qui induit de la dépendance, la joie est l'expansion de la capacité des gens à faire et à ressentir de nouvelles choses, de différentes façons qui peuvent briser cette même dépendance. La joie est esthétique, dans un sens ancien, qui date d'avant la séparation de la pensée et des émotions : la capacité accrue à percevoir avec nos sens. » (pp. 62-63)
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3. « Un peu partout, les gens sont en train de rétablir, de faire vivre et de réinventer des mondes plus intenses et vivants que la forme de vie servie par l'Empire. Le réseau de contrôle qui exploite et administre le vivant – depuis les formes les plus brutales de domination jusqu'à l'instillation la plus subtile de l'anxiété et de l'isolement – est ce que nous désignons par Empire. Il inclut l'imbrication des systèmes de colonisation de peuplement, de suprémacisme blanc, d’État, de capitalisme, de validisme, d'âgisme, et d'hétéropatriarcat. N'utiliser qu'un seul mot pour englober tout cela est risqué car cela peut aboutir à faire de l'Empire une chose statique, quand c'est en réalité un ensemble complexe de processus. Ces processus privent les personnes de leur pouvoir, de leur créativité, et de leur capacité à se connecter les unes aux autres et à leurs mondes. » (pp. 51-52)
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2. « Militantisme est un mot lourd pour certain.e.s, qui évoque des images chargées de virilisme ou presque militaires. Pour nous, le militantisme c'est la combativité associée à une certaine volonté de lutter, mais lutter peut recouvrir beaucoup de choses très différentes. Cela peut être la lutte contre l'oppression et la honte intériorisées ; le soutien déterminé que l'on apporte à un.e ami.e ou un.e aimé.e ; le courage de regarder en face son traumatisme ; un acte anonyme de sabotage ; la détermination à redonner vie à des traditions annihilées ; le fait de fixer des limites ; ou simplement la volonté de prendre des risques. Nous avons choisi de placer la joie et le militantisme ensemble, dans le but de penser les liens entre détermination et amour, résistance et soin, combativité et régénération. » (pp. 34-35)
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1. [Juliette Rousseau] : « La question des implications affectives des luttes, comme celle de leurs modalités pratiques ou organisationnelles, a de longue date été perçue comme un sujet minoritaire, un sous voire un non-sujet. Il s'agit là d'un biais sexiste : prendre soin des luttes, de nos communautés militantes ou radicales a toujours été une tâche reléguée aux femmes et aux personnes qui ne sont pas des hommes cis. Plus nos luttes merdent et plus nous trimons sur ce front-là, mais puisque ce travail demeure invisible et le plus souvent impensé, tout peut continuer sans jamais changer. Ignoré, il ne peut être observé à l'échelle du temps : structurellement amputé de sa mémoire, il est aussi un éternel recommencement sans histoire. Comme la plupart des tâches perçues comme féministes, penser les luttes à partir de ce qu'elles sont pour les personnes et de ce qu'elles leur font est un travail auquel on confère peu de valeur. Pourtant, si nos luttes ne nous libèrent pas, ne nous donnent pas le pouvoir individuel et collectif qui nous est retiré chaque jour dans ce système, comment peuvent-elles prétendre à le changer ? » (p. 21)
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Landauer défendait aussi l'idée que le pouvoir de l'État ne réside pas seulement dans l'armée et la police mais également dans sa capacité à nous amener à nous gouverner nous-mêmes et les un.e.s les autres, et à recréer ces relations hiérarchiques et de division par notre façon de nous comporter. 
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La philosophie de Spinoza est fondée sur l’affect. Les choses ne sont pas définies par ce qu’elles sont mais par ce qu'elles font.
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Nous voulons un genre de théorie qui participe à la lutte et à l'accroissement du pouvoir collectif plutôt qu'à la diriger et l'évaluer depuis l'extérieur. Nous sommes à la recherche d'un genre de théorie critique mais aussi affirmative.
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