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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quelle extraordinaire fresque sociale a réussi, une fois de plus, Gérard Mordillat, en écrivant "Rouge dans la brume" ! Dans ce livre, il y a tous les drames qui bouleversent notre société dévorée par un capitalisme sans scrupule, cette « doctrine économique reposant sur l'exploitation des plus faibles par les plus riches. »
"Les vivants et les morts" nous avait enthousiasmé par sa justesse et sa force mais il faut reconnaître que, dans ce roman écrit six ans plus tard, cet écrivain prolifique qui est aussi un réalisateur talentueux, a réussi une oeuvre encore plus forte et plus complète.
L'action se déroule dans le Nord. Carvin en est le moteur et le héros. Comme un symbole, tout commence en pleine tempête alors que tout le personnel de Mékamotor vient de recevoir une lettre annonçant la fermeture de leur usine, courrier expédié avec un timbre de la Saint-Valentin !
Chantal, l'épouse de Carvin veut divorcer. Elle affirme : « Pas de combat, pas de lutte ! du confort, de l'argent, de la tranquillité. » Tout l'opposé de ce qui motive son mari. L'auteur mène en parallèle les vies familiales et amoureuses de ses personnages, leur activité professionnelle et la lutte pour préserver un emploi menacé : « Leurs actions sont pilotées par la colère d'être foutus à la porte alors qu'ils font bien leur boulot et que l'usine est rentable. »
Weber, délégué CGT, demande à Carvin d'être le porte-parole des ouvriers de cette entreprise dont le groupe, trois mois auparavant, a reçu 55 millions d'euros d'aide de l'État, plus 2 000 € de la municipalité… Pour Carvin, il n'est pas question de se battre pour de meilleures indemnités : « … se mettre sur le terrain de l'argent, c'est se placer sur le terrain que les patrons préfèrent… Réclamer une prime, c'est signer notre défaite avant même d'avoir mené la bataille. » Il s'agit d'abord et avant tout de conserver son travail et sa dignité.
Toute l'histoire est d'une justesse extraordinaire. Il faudrait recopier des pages entières lorsque chacun développe ses arguments. le mot « fatalité » doit être rayé du vocabulaire et les dirigeants ne brillent pas par leur courage, ceux qui décident étant aux États-Unis, sous le couvert d'un fonds de pension.
Régulièrement, l'auteur intercale des « Paroles de dirigeants » et c'est édifiant de lire ces déclarations authentiques signées Sarkozy, Brousse (Medef), Hamon, Estrosi, Dassault, Parisot, Copé, Woerth, Trichet, Cohn-Bendit, Lagarde, etc… Tout cela nous rappelle que nous ne sommes pas dans la fiction mais dans ce que vivent ou ont vécu tant d'hommes et de femmes, bernés par de fausses promesses et niés dans leur humanité.
Maîtrisant parfaitement le suspense et l'enchaînement des faits et des actions qui voient les ouvriers en lutte de trois usines différentes se retrouver sur le terrain malgré leurs divergences, Gérard Mordillat montre aussi le rôle joué par les médias, la police et les sociétés dites de sécurité, sans oublier de révéler ce que cachent les discours officiels faussement rassurants.
Comment peut se terminer une telle histoire vécue au plus près des dégâts commis par « une doctrine économique reposant sur l'exploitation des plus faibles par les plus riches » ? Pour le savoir, il suffit de se plonger dans "Rouge dans la brume", un livre qui, avec ses 434 pages, se dévore trop vite.


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Carvin, la trentaine, est ouvrier mécanicien dans une usine du Nord. Sa femme Chantal rêve de confort et de soleil. Ne supportant plus la dureté de leur vie, elle le quitte et emmène avec elle Océane, leur fille de quatre ans.

Anath, la trentaine est DRH dans l'usine où travaille Carvin. Elle est mariée à un professeur d'université qui lentement s'éloigne d'elle, perdu dans les livres et attiré par l'un de ses élèves.

Rien ne pouvait rapprocher Carvin et Anath, sauf peut-être la vraie vie. Celle des ouvriers qui se battent pour sauver leur usine bientôt fermée par les actionnaires américains qui sans vergogne rayent de la carte presque 400 emplois. Pour toutes les familles et la vie de la commune, le monde s'écroule aux fils des jours.
Les ouvriers se révoltent et occupent le site. Incendient le stock, les ateliers, les camions de ceux qui voulaient déménager les machines. Puis, ils décident d'aider une autre usine. Puis une troisième. Ils sont portés par l'espoir que le pays tout entier s'embrase dans une grève générale !

Au coeur de la lutte, Anath et Carvin se confient sur leurs failles, leurs peurs. Leur idéal. L'amour est là tapi dans le fracas des vies qui meurent. L'un et l'autre n'ont plus rien à perdre. Assoiffés, ils s'enivrent d'un corps à corps pour oublier la réalité.

Comme à son habitude, Gérard Mordillat, nous entraine dans le monde ouvrier. Dans la lutte jusqu'au désespoir. C'est beau. Carvin et Anath nous donnent l'envie d'y croire. Malheureusement la violence de la finance ne recule devant rien. Que compte une vie aux yeux des actionnaires ?

Ce livre, bien qu'il date de 2011, est tristement d'actualité. J'espère vraiment que les gens vont prendre le temps de réfléchir pour les présidentielles de 2022. Oui,un autre monde est possible. Plus humaine, plus solidaire, plus sociale avec de meilleures conditions de travail. Vivre. Simplement vivre !
Lien : https://educpop.fr/2022/03/1..
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On se laisse rapidement emporter par le ton avec lequel l'auteur raconte la vie quotidienne de Calvin, héro et anti-héro de la "vraie-vie".
Un couple qui bat de l'aile, des combats syndicaux, des femmes qui passent ou qui restent.
J'ai apprécié le mélange des genres et lamanière de faire passer les contradictions, les difficultés, et les rêves qui accompagnent les combats syndicaux.
Lu dans le car pendant la grève sncf : ça m'a donné envie de soutenir les cheminots !!
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Un de mes auteurs français favoris.
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