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Critique de DianaAuzou


Quatre histoires quatre chemins de vie de quatre femmes jeunes belles et droites comme des flammes.
Des siècles les séparent et un fil conducteur les unit, celui d'un héritage, d'une passion, d'un amour et d'une incroyable force de vivre. A cela s'ajoute le talent d'une conteuse qui est l'auteure, Christiana Moreau, dont la connaissance érudite d'un quattrocento majestueux et bouillonnant d'une effervescence artistique que nous connaissons, enrichit le roman et lui confère valeur de document.
Sabrina la conservatrice du Musée des Beaux-Arts de Bruxelles, Angela, sa grand-mère, Constanza Marsiato la talentueuse sculptrice de la Renaissance, audacieuse et passionnée, et Simonetta Vespucci, "la Sans Pareille", modèle des plus grands peintres, beauté radieuse. Un buste de Simonetta réalisé par Constanza est transmis d'une génération à une autre, de mère en fille, jusqu'à nos jours et devient la propriété de Sabrina. Si proches, si lointaines, le temps est le premier à s'étonner des liens forts qu'il a créés entre elles. Un fil de soie, fin et fragile, souple et résistant unit les quatre femmes. La vie a essayé de le casser, mais il s'est noué, renforcé et assoupli pour pouvoir épouser sans trop de dégâts les chemins rocailleux, boueux, souvent en pente raide, et avancer.
Le roman prête sa voix lyrique à l'histoire de ces femmes et rend hommage à la création et la transmission à la passion qui n'est pas vouée à l'échec et qui se transforme dans "la médiocrité du quotidien".
Tout n'est pas éclatant dans la vie, c'est ainsi.
Après la guerre les italiens ont quitté leur terre pour trouver espoir sur une autre, et s'y établir.
Angela et son mari Giuseppe sont cette immigration italienne en Belgique où les mines de charbon attendaient la main d'oeuvre de ceux qui voulaient survivre coûte que coûte et nourrir leurs familles.
Constanza Marsiato est artiste flamboyante dans un XVe siècle dont les lumières ne reconnaissaient ni n'éclairaient facilement la femme autrement qu'au foyer, épouse et mère. Son oeuvre est née pourtant d'une passion que rien et personne ne pouvait étouffer. le buste en terre réalisé par Constanza a survécu, "les grands artistes ont toujours raison trop tôt" , mais ils ne le savent pas toujours... qu'importe.
La Dame d'argile, très fragile, est née de l'amour et devient résistante au passage du temps.
Renaissance, "le temps revient" la devise de Lorenzo il Magnifico, et grâce au talent de Constanza, Simonetta revenait, renaissait. le maître de la jeune sculptrice est éblouit : "même figure emblématique de son mythe de beauté universelle, païenne plus que chrétienne, femme plus qu'ange. Tu as su faire la synthèse de toutes ces choses sous-jacentes et les décrypter. Tu es une grande artiste..."
Symbole très fort, la terre est fil conducteur, lien et liant à travers les siècles, amour et source de vie, terre nourricière et créatrice.
Le roman comme une toile réunit les fils qui la tissent, qui se serrent et se nouent, leurs histoires créent et se perpétuent. La terre de la Toscane est la terre universelle, germination, création et transmission, et le temps revient... un jour, on ne sait pas quand.
Toutes les routes mènent à Rome et ici elles mènent à la création, la passion et la naissance d'une beauté devant laquelle le temps s'arrête, pour la contempler.
L'histoire racontée d'un ton léger et d'une écriture fluide, nous envoie ce message de quête enflammée qui entretient la vie. Quatre femmes, quatre graines et des germinations sans fin.
Du début à la fin le roman traverse les siècles jusqu'au quattrocento par l'identité de ces femmes unies sans le savoir par un buste d'argile, de terre, qu'elles ont créé, adoré, transmis et offert à la postérité.
Christiana Moreau, peintre et sculptrice, passionnée du quattrocento, nous donne rendez-vous avec les grands artistes de l'époque, et de tous les temps, dans leurs ateliers, avec leur technique et leur combat, l'un d'eux, Sandro Botticelli , "nature si sensible, vulnérable" nous accompagne ainsi qu'il accompagne Constanza et nous éclaire de son génie et de sa bienveillance, de son amour infini pour la peinture.
La nature a créé des chefs d'oeuvre, l'homme aussi, il suffit d'un regard amoureux pour qu'ils renaissent à tout instant.
Merci Alain pour m'avoir guidée vers la découverte de cette auteure et de son roman de passion et de lumière.
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