Baptiste Morizot philosophe en marchant, ou plutôt en pistant, hors des sentiers battus évidemment.
A la suite de
Philippe Descola, et comme ses camarades
Vinciane Despret ou
Nastassja Martin, il interroge nos relations au vivant, et particulièrement avec les animaux.
Pour ce faire, comme il dit, il s'enforeste, explorant et se laissant investir par le vivant autre qu'humain.
Nous le suivons (et c'est jubilatoire car son écriture est immersive) sur la piste de l'ours, puis du loup, puis de la panthère des neiges. En observant les traces, en tentant de les suivre, en les interprétant,
Baptiste Morizot finit par "voir" comme l'animal qu'il piste. Sa connaissance est sensible, mais elle sollicite aussi de solides réflexions, avec une démarche hypothético-déductive et des hypothèses, qui se vérifient sur le terrain, ou pas.
A le lire, on ressent très bien son plaisir de la traque qui apparaît même plus fort que celui de la trouvaille.
Ses expériences de terrain lui font poser une relation entre l'activité de pister et le développement de notre type d'intelligence.
Oublier notre prétendue supériorité, nouer des relations avec ceux qui partagent notre planète, bref changer de perspective pour tenter d'en adopter d'autres, se décentrer, développer son attention et son empathie, quel riche programme! Je vais m'y essayer...