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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Nous avions lu à peine quelques lignes à voix haute que mon fils de dix ans s'est exclamé : « Je crois que nous tenons notre coup de coeur de 2021 ! »

Avec La fleur perdue, Davide Morosinotto conforte en effet sa place dans le cercle le plus sélectif de nos auteurs chouchous, parmi les tout premiers. Je ne suis pas certaine d'avoir lu quelque chose d'aussi bon que son triptyque de romans reliés par le fil rouge du fleuve – le Mississippi pour le célèbre catalogue Walker & Dawn, la Neva pour L'éblouissante lumière des deux étoiles rouges et L'Amazone dans ce troisième tome. Ces trois romans brillent par la vivacité de la plume, la qualité d'une intrigue menée tambour battant, des personnages attachants, des dialogues délicieux, un décor historique restitué très finement sans que cela ne prenne le pas sur l'histoire et un vent d'aventure auquel il est tout simplement impossible de résister !

Si ces livres sont inoubliables, c'est aussi grâce à un travail graphique merveilleux : le premier roman faisait la part belle à des documents du début du 20ème siècle, extraits de catalogues, coupures de presse et photographies, le deuxième se lisait comme des cahiers d'enfants dûment annotés par un commissaire soviétique ; ce troisième volet, peut-être le plus inventif, fait littéralement s'entrechoquer texte et illustrations (photos via le lien ci-dessous)... Vous l'aurez compris, nous avons ici affaire à des livres hors-normes qu'il faut absolument avoir dans sa bibliothèque !

Grâce à La fleur perdue, nous avons donc passé ces derniers jours au Pérou, en cette année 1986 où les walkmans étaient à la pointe du progrès, en compagnie de Laila, fille d'un diplomate finlandais, et El Rato, mystérieux habitant de l'hôpital Santo Toribio de Lima où la jeune fille est hospitalisée. La découverte par les deux enfants d'un journal d'expédition, rédigé quarante ans auparavant par un médecin en quête d'une fleur miraculeuse, prend une dimension particulière lorsque Laila apprend qu'elle souffre d'un mal incurable. Et si cette fleur perdue au coeur de l'Amazonie pouvait la sauver ?

Nous voilà entraînés dans un voyage des Andes à la Selva amazonienne, ponctué d'incroyables péripéties et d'inoubliables expériences initiatiques. Par la magie des mots, ces pages nous transportent, cartes et images à l'appui, et nous donnent l'impression de grandir avec les protagonistes. Des personnages que nous avons adorés : débrouillards, courageux, généreux - et quel bagout ! Pendant la lecture, nous avons eu envie de retourner feuilleter les pages de l'album Histoires de Fleuves consacrées à l'Amazonie et nous nous sommes rendu compte que Davide Morosinotto avait puisé dans les mythes locaux – qu'il s'agisse de l'arbre esprit lupuna, des apachetas, de la légende des trois dauphins ou encore d'un fameux serpent…

Les 520 pages de ce roman-fleuve se lisent donc beaucoup trop vite et c'est le coeur serré que l'on voit irrémédiablement approcher le moment de débarquer. Que lire après ça ? Spontanément, mon fils ne voyait qu'une chose à faire : relire "Le célèbre catalogue". Et si ce cycle est présenté comme achevé, il n'abandonne pas l'espoir qu'un nouveau tome puisse paraître un jour, autour du Nil, pourquoi pas ?

Ode à l'amitié et à l'espoir, un livre réjouissant et émouvant : de ceux qui peuvent susciter la passion de lire !
Lien : http://ileauxtresors.blog/20..
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Ah!!! J'avais été un peu déçue par le précédent opus de Morosinotto, "Les vous". Et bien là on renoue avec "Le célèbre catalogue Walker & Dawn" ou le génial "L'éblouissante lumières des deux étoiles rouges". Il faut dire qu'ils constituent tous trois une sorte de triptyque.
J'ai suivi avec bonheur les aventures de Laila et El Rato. Pas vraiment de temps mort au Pérou : à l'hôpital, le long du fleuve, au coeur de la jungle.
Autant être claire : des enfants de cet âge ne peuvent pas vivre de telles aventures, ils n'y auraient pas survécu longtemps. Et pourtant, qu'est-ce qu'on s'en fiche ! On s'attache aux personnages, on traverse le Pérou avec eux, on vibre à leurs côtés, on vit leurs espoirs, leurs déceptions...
Le style fluide, les éléments graphiques intégrés font tourner très vite les plus de 500 pages.
Il est bon cet auteur, il est bon !
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Dernier roman de la trilogie de Davide Morosinotto consacrée à l'enfance et aux fleuves, romans qui se répondent mais peuvent être lus indépendamment les uns des autres et dont notre lecture commune est disponible via le lien.

Autant j'avais été agacée par le choix de l'éditeur de divulgâcher la fin du "Célèbre catalogue Walker and Dawn" dès la couverture, autant là, je me suis demandé jusqu'au bout le sort que Davide Morosinotto réserverait à Laila.
Et ne comptez pas sur moi pour vous le dire, car il faut absolument découvrir ce roman.

Davide Morosinotto vous invite à un voyage trépidant. Il manie à la perfection le suspense et l'utilisation de différents narrateurs. Tous ses choix sont pertinents : l'Amérique du Sud, loin de n'être qu'un décor, est presque un personnage à part entière ; les années 80 en appellent à votre nostalgie tout en étant rafraîchissantes (rappellez-vous, il n'y avait ni téléphone portable ni internet, le walkman était un sommet de technologie !). Et la maladie dont il dote sont héroïne fait un lien direct avec son goût pour la recherche graphique. Car "La fleur perdue du chaman de K" est paré de dessins, calligrammes et autres trouvailles particulièrement réjouissantes. Un très bel écrin pour une histoire touchante.
Un coup de coeur.

Merci à l'Ecole des loisirs de m'avoir permis de découvrir ce roman !
Lien : http://alombredugrandarbre.c..
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Ce livre est vraiment extraordinaire, à la fois en tant qu'objet et pour son contenu. Un très gros coup de coeur pour cette aventure humaine belle et merveilleuse.
Davide Morosinotto sait décidément créer des personnages follement attachants et de grandes aventures !
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A l'époque, j'avais adoré le Célèbre catalogue Walker & Dawn qui m'avait fait voyager de la Louisiane jusqu'à Chicago. Je ne m'étais pas vraiment soucié de savoir si Davide Morosinotto avait écrit d'autres livres, n'étant qu'un lecteur occasionnel de littérature jeunesse. Quelle fut donc ma surprise lorsque je suis tombé sur La fleur perdue du chaman de K en pile sur la table d'une librairie. Les couleurs vives de la couverture m'ont d'abord attirées, puis j'ai rapidement fait le lien avec l'auteur. de plus, la première page, nous vend le roman comme un incroyable voyage des Andes jusqu'à l'Amazonie ; et le moins que l'on puisse dire c'est que je n'ai pas été déçu !

Pérou, 1986. Laila, fille d'un diplomate finlandais, est admise à l'hôpital Santo Toribio de Lima. Là-bas, elle fait la connaissance d'El Rato, un mystérieux garçon de son âge et très rapidement se lie d'amitié avec lui. Les deux enfants font la découverte d'un journal d'expédition écrit quarante ans plus tôt par le docteur Clarke. Ce livre prend une toute autre dimension lorsque Laila apprend qu'elle souffre d'une maladie incurable qui va la rendre complètement aveugle. En effet, dans le journal du docteur, il est question d'une fleur perdue qui aurait des pouvoirs et des vertus insoupçonnés. C'est décidé, si cette fleur peut guérir Laila, il n'y a pas une minute à perdre, nos deux héros quittent l'hôpital et commence un incroyable voyage qui les mènera de Cuzco à la petite ville d'Iquitos en plein coeur de la Selva, la forêt amazonienne à la recherche de la fleur perdue du chaman de K...

Quel magnifique roman d'aventures, dans lequel on ne s'ennuie pas un instant ! Les rebondissements sont nombreux, les personnages attachants et l'amitié qui lie nos deux héros est très forte. Laila vient de la bonne société, fille de diplomate, elle a pris l'avion des centaines de fois, parle couramment trois langues alors qu'El Rato n'est qu'un simple enfant des rues, un "cholo" sans instruction. Pourtant les deux se complètent à merveille et ensemble ils peuvent déplacer des montagnes, "elle l'ouvrait au monde et lui l'aidait à y vivre sans danger".
Et que dire de la mise en page du livre qui est des plus originales, La fleur perdue du chaman de K n'est pas qu'un roman d'aventure, c'est un livre-objet, ludique et magnifique que l'on prend plaisir à lire et à parcourir !
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Ouh, c'est du lourd ! Et dans tous les sens du terme. D'abord parce que le livre est costaud, 512 pages de bon papier, une brique à trimbaler (j'en parle d'ailleurs dans la BD du jour). Ensuite parce que les thèmes sont forts, que l'émotion emporte tout sur son passage, que ce texte est réfléchi, maitrisé, que la forme est spectaculaire. Bref, c'est une expérience de lecture fascinante qui met fin (si on en croit le mot de l'auteur à la fin du roman) à une drôle de trilogie amorcée avec le célèbre catalogue Walker & Dawn et poursuivie avec L'éblouissante lumière des deux étoiles rouges.
Lien : http://sophielit.ca/critique..
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Laïla, fille d'un diplomate finlandais, fait le rencontre d'El Rato à l'hôpital de Lima où la jeune fille vient passer des examens médicaux en raison de sa vue déclinante. Les deux enfants passent beaucoup de temps ensemble, cherchant à tromper l'ennuie en parcourant les couloirs de l'hôpital ; ils découvrent un vieux journal d'expédition qui parle d'une fleur rare aux vertus miraculeuses. Aussi lorsque le verdict tombe pour Laïla, ils décident de s'enfuir et de partir à la recherche de cette mystérieuse fleur du chaman de K..
Plongé dans le Pérou des années quatre-vingt où la situation politique est très instable et les dangers nombreux, encore plus pour les étrangers. L'amitié entre les deux enfants leur permet de surmonter les épreuves et de toujours trouver une porte de sortie. Si le danger peut se rencontrer à chaque coin de rue, c'est aussi le cas en ce qui concerne les bonnes rencontres. Laïla est attachante et attire la sympathie d'adultes bienveillants et prêts à lui venir en aide, l'encourageant dans son fol espoir plutôt que de la détourner de ses projets. Il y a toujours quelqu'un pour se joindre à leur périple et c'est en groupe qu'il arrive à la fin de ce voyage initiatique tellement riche humainement et culturellement.
Dans son troisième et dernier livre de la série ayant pour fil conducteur un fleuve, Davide Morosinotto nous entraîne dans les profondeurs de la forêt amazonienne dans une quête spirituelle qui amène une réflexion sur la mort et son évitement. Après le célèbre catalogue Walker & Dawn qui remontait le fleuve Mississippi, puis L'éblouissante lumière des deux étoiles rouges qui suivait le cour de la Neva, La fleur perdue du chaman de K. nous entraîne sur les bords de l'Amazone. Porté par des personnages attachants, le récit se fait à deux voix auxquelles viennent ponctuellement s'en ajouter d'autres. L'auteur a une fois de plus su créer un récit d'aventures exceptionnelles enrichies de la culture de tout un pays, de son histoire aussi et surtout de sa religion, le chamanisme.
Ce troisième livre est à l'image des précédents un magnifique objet à la mise en page originale qui dynamisme le récit et donne vie à l'histoire. Entre les esprits aux formes animales qui permettent d'identifier le personnage qui parle en ouverture de chapitre et les effets typographiques, cette collection est vraiment exceptionnelle. Même si j'ai plus de mal à la lecture de cette histoire notamment à cause des écriture parfois petite et le fait qu'il faille tourner l'ouvrage dans tous les sens, ça ne m'a pas empêché d'apprécié l'effet visuel.
Davide Morosinotto confirme son talent d'auteur en nous proposant un roman de grande qualité. La série n'en est pas une au sens premier du terme mais il a pourtant su lier les trois histoires par des crossover qui créent un effet de surprise bienvenu et fort apprécié par toute notre famille. A découvrir et faire découvrir!
Lien : https://sirthisandladythat.c..
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Comment évoquer cette lecture bouleversante et hors du temps ? Bouleversante tout d'abord, parce qu'elle parle de Laila, jeune fille de 12 ans, atteinte d'une maladie orpheline la condamnant à perdre la vue, puis ses facultés cognitives et motrices. Bien qu'il s'agisse d'un roman jeunesse, le propos est dramatique. Hors du temps, en ce sens que deux enfants s'enfuient de l'hôpital afin de sillonner le Pérou et la forêt amazonienne à la recherche d'un chaman et d'une fleur rare susceptible de guérir Laila. Ce livre nous plonge dans une autre dimension, celle de la jungle. Pendant un peu plus de 500 pages, on accompagne ces enfants tels des aventuriers. On tremble avec eux, on prie pour qu'ils atteignent leur objectif, on a envie de croire au miracle et aux vertus thérapeutiques des plantes de l'Amazonie. Ce roman est une liane à laquelle s'accrocher pour se laisser porter. La couverture, les dessins et les jeux textuels sont la cerise sur le gâteau, ou bien la fleur de K...
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Dans ce roman, on plonge dans une clinique neurologique à Lima dans les années 80. Laila y est hospitalisée car elle est atteinte d'une maladie dégénérative qui fait qu'elle va mourir dans quelques mois. Elle découvre par hasard le journal d'un vieux médecin de la clinique qui parle de la fleur perdue du chamane de k, qui pourrait la guérir. Elle part alors à la recherche de cette fameuse plante, accompagnée par son ami El rato.

L'auteur nous offre ici le dernier tome de la trilogie fleuve avec "Le célèbre catalogue Walker & Down" et "L'éblouissante lumière de deux étoiles rouges". J'ai eu un gros coup de coeur pour ce récit d'aventures qui nous emmène dans les vieilles légendes de Lima et pour l'objet livre en lui-même, un véritable bijou où les illustrations contribuent à la magie du texte (mystère du chamanisme et caractères floutés pour illustrer la dégradation de la vue de Laila).

A lire absolument!
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Quel bonheur que ce livre, qui est en plus un très bel objet ! J'étais tombée dessus tout à fait par hasard lors d'une de mes errances au rayon jeunesse de ma librairie habituelle, et j'avais aussitôt craqué pour ce livre à la très belle couverture, et à l'intérieur orné de quelques illustrations, de textes (pas forcément poétiques) en forme de calligrammes et d'autres surprises graphiques qui, outre le plaisir esthétique, participent au rythme de cette aventure sans temps mort !
On n'est certes pas dans un volume à la façon d'un « Illuminae » (de Jay Kristoff et Amy Kaufman), saga qui est sans doute un certain extrême dans ce style, au point où la narration n'existe même plus vraiment, tandis que l'histoire se construit au fil de documents, retranscriptions de dialogues et autres documents plus ou moins graphiques ! Ici, on a bien une narration principale « normale », dans un roman choral toutefois, où les voix alternées de Laïla et d'El Rato, nos deux jeunes personnages principaux, croisent celles de quelques autres personnages rencontrés au cours de leur périple, ou de quelques personnages plus mystérieux, qui font entrer dans un monde surnaturel, et qui s'expriment alors en lettrage blanc sur fond noir et que l'on apprend à connaître petit à petit. Toutefois, cette narration s'aventure plus d'une fois dans ces « détails » graphiques qui me plaisent énormément, et qui sont exploités ici de façon toujours très opportune.

Quant à l'histoire, même si elle est indubitablement orientée « jeunesse », elle est vraiment très prenante. Laïla, fille unique de l'Ambassadeur (très occupé) de la Finlande au Pérou, surprotégée par sa mère et par le secrétaire particulier de l'ambassadeur (dont le rôle « d'ami » aurait été pour le moins ambigu dans un roman adulte, mais qui semble ne pas poser question dès lors qu'il s'agit d'un roman jeunesse), présente quelques troubles neurologiques, mineurs au début : il est question d'une perte progressive de sa vision périphérique, jugée inquiétante à la suite d'un accident domestique sans gravité pourtant. Ainsi, elle est admise dans l'hôpital le plus réputé en la matière à Lima – malgré les réticences initiales de sa mère en particulier, qui voudrait l'envoyer dans les « meilleures » cliniques en Europe !
C'est que cet hôpital se situe dans les « Barrios Altos », c'est-à-dire les quartiers les plus mal famés de la capitale du Pérou. Oh ! comme cette évocation m'a aussitôt ramenée une vingtaine d'années en arrière, lorsque j'ai fait mon premier voyage en Amérique latine, précisément à Lima, où j'ai séjourné quelques semaines dans une famille (à la limite de ces fameux Barrios) ! L'auteur ne le dit pas (j'ai même trouvé cela dommage – même son public « jeune » aurait été intéressé), mais il se trouve que la ville de Lima a été créée (artificiellement) par les conquistadors, qui voulaient une capitale pour leur nouvel empire – la légende locale raconte cependant que les Incas, vaincus, ont eu un ultime réflexe de fierté en proposant aux Espagnols cette vallée encaissée, où il pleut tout le temps ou presque… C'est ainsi que le coeur historique de la cité et les beaux quartiers se sont développés en bordure du Pacifique au climat humide et peu agréable, tandis que la ville n'a ensuite cessé de s'étendre de plus en plus loin… vers la cordillère toute proche, si bien que les quartiers les plus mal famés, véritables bidonvilles, sont paradoxalement sur les contreforts des Andes, là où une altitude un peu plus élevée (« altos ») rend l'air bien meilleur et le soleil plus présent…

Parlons aussi, par exemple, du Sentier lumineux : dans ce roman, on est en 1986, ce mouvement (considéré aujourd'hui comme une organisation terroriste, à juste titre) était alors très actif et ça fait froid dans le dos, car même s'il y va modérément, l'auteur n'épargne pas le (jeune) lecteur lorsqu'il parle de l'attentat à la bombe du train qui devait partir de Cuzco vers le Machu Picchu, en juin cette année-là. Pour ma part, j'ai été au Pérou en 1998, la Sentier lumineux était en perte de vitesse, cependant on en parlait encore… et je garde le souvenir de conversations que j'avais eues à leur sujet, avec la famille qui m'hébergeait, dont le gamin qui n'avait alors pas 10 ans, mais qui parlait de ces événements comme d'une « guerre » avec tout ce que cela implique dans la bouche d'un enfant !
Or, j'ai tout à fait retrouvé cet « esprit » dans les mots de Davide Morosinotto et, si ça participe à une certaine nostalgie qui « fait du bien », ça n'en est pas moins complètement glaçant !
Bref, je m'égare, mais j'ai évidemment beaucoup apprécié ce voyage-souvenir qui m'a rappelé tant de choses, dont plus d'un détail m'a semblé tout à fait exact, et dès lors d'autant plus touchant – même si, comme l'auteur le précise lui-même à la fin, le Pérou d'aujourd'hui n'est plus celui de 1986 (et avait sans doute déjà bien changé en 1998) ; pour moi c'était quand même une agréable petite immersion en nostalgie.

Cela dit, bien au-delà de cette émotion toute personnelle qui a accompagné tout le livre (même si je n'ai pas visité tous les lieux cités, mais certainement, outre Lima, le Machu Picchu et ses environs, ô souvenirs !), l'histoire est réellement poignante et sonne toujours juste !
C'est tout le chemin d'acceptation d'une maladie génétique incurable qui est proposé ici, et toujours à travers les yeux de la première personne concernée, l'enfant elle-même (au sens « large », on comprend assez vite que Laïla est plutôt une jeune ado, même si son âge n'est jamais donné). C'est bien un peu une leçon de vie pour tant de parents qui paniquent dès que leur enfant est malade et veulent tout maîtriser, sans demander l'avis de l'enfant, sans même l'informer réellement de son état – et ici on est dans du (très) grave.
Ce thème principal est donc un véritable cheminement en forme de parcours initiatique à travers tout un pays, rendu très concret grâce aux différentes étapes géographiques que vont vivre les enfants, et qui marquent aussi l'évolution lente mais inéluctable de la maladie. S'il est réaliste ou pas que deux enfants parviennent à vivre une telle aventure, seuls, c'est certes à la limite de l'improbable… mais comme le rappelle l'auteur : nous sommes à une époque où les documents d'identité sont encore loin d'être électroniques, où on prenait l'avion comme on prend le train (sans aucune vérification sérieuse), etc. Un monde de possibles inimaginables aujourd'hui !

En outre, ce thème central est accompagné de plusieurs thématiques plus légères : l'amitié en premier lieu, qui ici va parfois dévier vers une certaine romance – mais après tout, comme je disais, on est avec deux jeunes ados, l'époque précise où les premiers émois maladroits se manifestent, c'est donc tout à fait plausible et bien exploité. L'auteur nous parle aussi des beautés de ce pays fascinant, de la misère qui y côtoie une certaine richesse, de la beauté mais dangerosité et fragilité de la forêt amazonienne (thème d'autant plus impactant que je finissais de lire en parallèle le thriller « le botaniste » de Jean-Luc Bizien ! qui n'a rien à voir, à part le décor de cette forêt magnifique), de la présence peu agréable des narcotrafiquants, d'une certaine magie chamanique aussi, le titre n'est pas anodin, mais là je ne peux en dire plus, au risque de divulgâcher.

La plume est très agréable et bien évidemment visuelle – et ici, c'est dans tous les sens du terme. Elle est assez simple, mais jamais simpliste, dans le sens où elle est extrêmement accessible pour les plus jeunes malgré les sujets graves (et notamment cette maladie au nom barbare) qu'elle aborde. Clairement, l'auteur n'a pas cherché à jouer avec des effets littéraires ou de grandes recherches de vocabulaire, par exemple : il va généralement droit au but dans un langage courant sans fioritures, et sans faux-semblants non plus ; ce qui doit être dit, même le plus dur, est dit, point barre. le lecteur adulte exigeant pourrait se trouver quelque peu déçu de cette simplicité dans le choix des mots et des phrases, ou dans l'absence de circonvolutions diverses et variées, mais si on entre dans ce livre en acceptant de se tenir aux côtés de nos (très) jeunes ados que la vie n'a pas gâtés, alors on prend toute la mesure de ce très beau livre à l'histoire poignante, sans jamais tomber dans le mélo pour autant, mais qui remue profondément et avec grande justesse.
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